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Utile aussi de prier tous ceux que leur position appelle à donner, dans un moment quelconque, des secours aux blessés, d’apprendre rapidement tout ce qui concerne ce rudiment chirurgical. Déjà M. Verneuil, professeur à la Faculté de médecine, a fait une conférence populaire sur ce sujet. Il serait bon de répandre cet enseignement.

Notre illustre chirurgien militaire, M. Sédillot, qui était à la retraite depuis quelques années et qui a repris le bistouri comme volontaire aux ambulances de l’armée du Rhin, vient d’adresser à l’Académie des Sciences des remarques d’un nouveau caractère sur l’hygiène des blessés. Il ne se borne pas seulement à recommander la dissémination des malades comme on l’entend en général ; il veut qu’elle soit absolue et qu’on emploie tous les moyens pour l’obtenir. D’après lui, tous les blessés, même ceux qui sont le plus grièvement, atteints, sont transportables, et il faut les évacuer au plus vite, les envoyer le plus loin possible du centre de mortalité. Larrey et d’autres chirurgiens ont signalé avec quelque étonnement l’état inespéré de blessés transportés à de grandes distances en raison des nécessités de la guerre et retrouvés en bonne voie de guérison. Le changement de lieu et une atmosphère plus pure les avaient sauvés. Les opérations les plus urgentes ayant été faites sans hésitation et sans retard, M. Sédillot recommande de répartir tous les blessés à des distances réglementaires, dans des locaux désignés à l’avance, de façon à en placer deux, jamais plus, dans une chambre suffisamment espacée. Les plus longs transports seront supportés par les moins atteints. Telles sont les mesures indispensables indiquées par l’éminent vétéran de la chirurgie militaire.

M. Sédillot prescrit encore d’autres mesures qui ne sont guère applicables en ce moment-ci aux blessés de la garnison de Paris, mais qui le seront peut-être dans quelques jours, et qui en tout cas méritent d’une façon générale d’être prises en considération. Il voudrait que les blessés reçussent leur solde de guerre jusqu’à guérison, et qu’ils eussent tous la faculté de se faire transporter sans frais dans leur famille ou chez les parens et amis qui les réclameraient, et dont les moyens d’installation seraient reconnus favorables. Si cette hospitalité spontanée était insuffisante, on la rendrait obligatoire avec des conditions de surveillance confiées à des commissions spéciales. Les honoraires des visites et opérations confiées, à un médecin de la localité seraient réglés par le gouvernement. Une commission supérieure nommée par l’Académie des Sciences, l’Académie de médecine, le Conseil de salubrité, etc., serait appelée à établir les règles de la dissémination des blessés, les distances à maintenir entre eux, la situation isolée et salubre des localités qui leur seraient affectées, le minimum de cubage d’air reconnu indispensable, et toutes les indications relatives au traitement. L’administration serait invitée à prêter son concours le plus efficace à ce service, qui pourrait couvrir toute la France. « L’adoption de ces mesures, dit M. Sédillot,