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incertaine, ou plutôt qu’elle n’ait témoigné aucune sympathie pour la France, ce n’est que trop évident, et il n’y a plus à y revenir ; mais en définitive les circonstances ont singulièrement changé. Ce n’est plus apparemment la France qui menace la sécurité publique, ce n’est plus la France qui a la passion de la guerre, et sans illusion, sans aucune préoccupation d’égoïsme national ; nous nous demandons encore si tout ce qui porte un cœur européen peut rester insensible à ce spectacle d’une ville telle que Paris placée sous le canon qui peut détruire les plus belles œuvres de l’art, les plus riches merveilles de la science, comme il a détruit la bibliothèque de Strasbourg.

Qu’on ne s’y trompe pas en effet, le siège de Paris n’est pas seulement un événement français, c’est un événement d’un caractère universel ! On nous dit maintenant de Tours, où séjourne une partie du gouvernement, que tout le monde commence à le sentir, que le rapport de M. Jules Favre a produit en Europe le même effet qu’en France, qu’il a ravivé dans tous les pays le sentiment d’une situation périlleuse pour tous. Quelle est la portée réelle de ces déclarations venues de Tours ? Quel est le vrai sens d’une allusion faite à des négociations qui se poursuivraient et où les cabinets porteraient des sympathies plus actives ? M. Thiers est-il à Vienne ou à Saint-Pétersbourg, et à quoi aura servi son voyage ? Paris ne le sait pas, Paris combat ou est toujours prêt à combattre, et si des interventions sérieusement sympathiques se produisaient, elles le trouveraient sous les armes, décidé à n’accepter volontairement que la paix de l’équité et de l’honneur.

CH. DE MAZADE.


ESSAIS ET NOTICES.

L’HYGIÈNE ET L’ALIMENTATION DE PARIS PENDANT LE SIÈGE.

Dans les circonstances que Paris traverse aujourd’hui et qui pourraient devenir dangereuses pour une grande agglomération d’hommes, les soins hygiéniques deviennent un des plus impérieux devoirs de la défense. Le gouvernement a été bien inspiré en nommant aussitôt une commission chargée d’organiser tous les services urgens que la situation réclame. La commission a déjà publié d’utiles avis concernant la propreté des rues, des maisons et des ménages. Elle a suscité d’efficaces améliorations dans le commerce et l’emploi des alimens et des boissons. De son côté, l’Académie des Sciences n’est pas restée inactive, et ses Comptes-rendus nous ont fait connaître les meilleurs procédés de