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de chocolat. Les essais qu’on a faits pour en nourrir les animaux ont eu peu de succès. Dans ce moment, la question est à l’étude. Un habile cultivateur, M. Ménard, en a acheté une très forte quantité aux fabricans de chocolat de la capitale ; il espère bien pouvoir les employer à la nourriture de ses bestiaux.

Il y a peu d’années, on ne tirait aucun parti des résidus de la fabrication de la bière quand on ne pouvait pas en faire des engrais. Nous avons vu à Lyon les brasseurs du faubourg de Vaise se débarrasser de la drêche en la jetant dans la Saône. Aujourd’hui les nourrisseurs de vaches laitières la donnent à leurs vaches. Il est un autre résidu de la même fabrication qui’ jusqu’à ce jour n’a guère été utilisé en France que comme engrais ; nous voulons parler des radicelles de l’orge germée. Depuis longtemps cependant les Allemands s’en servent pour engraisser les bœufs et même pour nourrir les chevaux. Dernièrement un vétérinaire d’Arras, M. Lenglen, nous a appris que depuis quelque temps on les donne aux bœufs et aux chevaux dans le Pas-de-Calais. D’après les détails qu’il a communiqués à la Société centrale d’agriculture, le département du Pas-de-Calais possède cinq cent trente-quatre brasseries, qui en 1868 ont utilisé 2 millions de kilogrammes de malt, et ce malt a dû produire 600,000 kilogrammes de radicelles. On donne ces 600,000 kilogrammes comme formant l’équivalent nutritif d’une quantité égale de foin. C’est donc un produit assez important.

Il est une recommandation qu’il peut être utile de faire, et qui concerne le nombre de têtes de bétail que l’on a intérêt à conserver proportionnellement à la nourriture dont on dispose. L’industrie zootechnique comprend deux opérations bien distinctes, qui n’exigent pas la même ligne de conduite. Le cultivateur dont l’industrie principale est la production, qui fait des élèves, peut en temps de disette restreindre un peu les rations et conserver autant de vaches et de brebis qu’il peut en entretenir, même en les nourrissant maigrement. Les femelles ainsi arriveront à l’époque du part sans grand préjudice pour elles et pour leur propriétaire. Il n’en est pas de même si l’on entretient un bétail de rente pour obtenir de la viande ou du lait. Dans ce cas, le produit des animaux est en raison directe du fourrage consommé et en raison inverse du nombre d’animaux consommateurs, de sorte que d’une quantité donnée d’alimens on obtient d’autant plus de produits utiles que le nombre d’animaux qui la consomment dans un temps donné est moins considérable. On a moins de rations d’entretien à fournir. Il vaut donc infiniment mieux, au point de vue de l’intérêt public et de l’intérêt personnel du cultivateur, restreindre le cheptel et nourrir abondamment les animaux, afin d’obtenir d’eux l’utilisation d’une forte ration de production, que de perdre des rations d’entretien en conservant des