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seraient fructueusement employées à la nourriture du bétail. Les vaches et les moutons recherchent beaucoup les varechs lorsqu’ils sont frais, disent les auteurs qui ont été à même de faire des observations à ce sujet ; mais ils les délaissent quand ils commencent à s’altérer. Plusieurs espèces sont propres à la nourriture de l’homme et des animaux. Les Russes, qui font usage de ces plantes, les appellent beurre aquatique à cause de leur consistance gélatineuse, onctueuse. Quelques espèces se réduisent en gelée par l’ébullition, et toutes seraient propres à ramollir les plantes dures. Convenablement mélangées, elles pourraient servir comme fourrage ; on peut croire même qu’une fois adoptées, on ne les abandonnerait plus.

La rareté des légumes donnera aux châtaignes une grande valeur comme comestible pour l’homme ; mais le gland, si abondant dans nos forêts, le marron d’Inde, peuvent contribuer à remplacer le fourrage et les grains. Tous les animaux recherchent le gland, tous s’habituent facilement à manger le marron d’Inde et s’en trouvent bien. Toutefois on tire un parti plus avantageux de ces alimens en les écrasant et les mêlant aux végétaux fibreux, durs, que nous venons d’énumérer. Comme ils sont riches en fécule, ils entrent facilement en fermentation, et donnent de la saveur au mélange, qu’ils améliorent en outre par les matières albuminoïdes qu’ils contiennent, et par leur principe amer, leur tanin, qui les rend toniques. On ne distribue pas au bétail la faîne de hêtre qu’on s’est donné la peine de récolter ; on en retire une huile excellente. Nous dirons pourtant qu’il faut cette année en ramasser le plus possible, afin d’augmenter la quantité de tourteau qu’elle produit.

Nous n’avons pas encore parlé de l’utilisation des tourteaux pour la nourriture du bétail. C’est l’aliment le plus riche en azote qu’on puisse lui faire consommer, et celui qui revient au plus bas prix comparativement à sa valeur nutritive. Tous les tourteaux ne conviennent pas également pour nourrir le bétail, c’est-à-dire que tous ne sont pas également appétés et nutritifs ; mais les plus mauvais, ceux du chènevis, du colza, de la cameline, du chou, de la navette, délayés dans l’eau, sont excellens pour composer des mélanges. Le liquide qui les contient, versé sur des alimens fibreux, durs, comme les pailles, les végétaux ligneux, plus riches en principes carbonés qu’en azote, contribue à donner une excellente nourriture. Ces tourteaux sont un assaisonnement, un aliment complémentaire très utile ; on peut les ajouter aussi, après les avoir préalablement écrasés, à tous les résidus aqueux, pulpes, marcs de cidre, etc. Quant aux tourteaux de noix, de lin, d’œillette, de faîne, ils peuvent avec grand profit être employés de la même manière ; mais on les fait plus souvent consommer seuls et sans aucune préparation.

On répète souvent que l’agriculture est une industrie, ce qui est