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LA
DISETTE DES FOURRAGES
ET
LES MOYENS D’Y REMÉDIER


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I.

En France, les bonnes années pour les biens de la terre sont les années de sécheresse. Les grandes pluies font verser les céréales et pousser les mauvaises herbes ; elles empêchent la dessiccation des javelles, rendent la rentrée des récoltes difficile et provoquent même la germination du grain dans l’épi. Sous leur influence, les fleurs, — celles de la vigne notamment, — coulent, et les fruits mûrissent mal. Les pluies abondantes délavent les terres, et les eaux entraînent à la mer les principes fertilisans. Les pâturages sont à la vérité plantureux, et les prés donnent de fortes coupes ; mais les herbes sont peu nutritives, et les fourrages, mal récoltés, se conservent difficilement ; ils sont souvent insalubres. La sécheresse est plus favorable à nos principales récoltes que la grande humidité, et cette année, malgré une chaleur continue dont on a vu peu d’exemples et une absence complète de pluie pendant les mois où elle est le plus nécessaire, le rendement des principaux produits de notre agriculture sera encore passable dans la plupart des localités. Celui des récoltes d’hiver, du seigle, du blé, sera généralement peu inférieur à celui d’une récolte moyenne ; les plantes ligneuses, la vigne, l’olivier, le châtaignier, n’ont pas encore souffert. Quand nous obtenons de ces végétaux une bonne récolte, notre subsistance est assurée. À la vérité, les produits du jardinage sont très rares et très chers en raison de la main-d’œuvre qu’exigent les arrosages