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pour la plupart en tournant autour de leur support de gauche à droite. Les autres suivent une direction contraire. Certaines tiges tournent indifféremment dans les deux sens. M. Charles Darwin a conclu de ses recherches que la lumière exerce une action sur ce phénomène. Si l’on place des plantes volubiles dans une chambre, près d’une fenêtre, l’extrémité de leur tige met plus de temps pour décrire la demi-révolution pendant laquelle elle regarde le fond peu éclairé de la chambre que pour accomplir celle qui la maintient près de la fenêtre. Ainsi un volubilis ayant fait en cinq heures vingt minutes un tour entier, le demi-cercle du côté de la fenêtre n’a pas exigé tout à fait une heure, tandis que l’autre n’a été parcouru que dans l’espace de quatre heures trente minutes. M. Duchartre a placé des ignames de Chine (diascorea batatas) en pleine végétation, les uns dans un jardin, les autres dans une cave complètement obscure. Dans tous les cas, les tiges d’ignames ont perdu à l’obscurité la faculté de s’enrouler autour des baguettes qui leur servaient de tuteurs. Les plantes exposées au soleil présentèrent une portion enroulée, mais lorsqu’on les rentra dans la cave, elles poussèrent des tiges droites. On connaît pourtant des plantes volubiles dont l’enroulement semble n’avoir aucun rapport avec la lumière.

Le sommeil des plantes, certainement en connexité avec la lumière, est moins connu encore. Les fleurs et les feuilles de certains végétaux se flétrissent et s’affaissent à des heures déterminées. La corolle est fermée, et, après une douce léthargie, la plante s’épanouit à nouveau. Chez d’autres plantes, la corolle tombe et meurt sans s’être fermée. Chez d’autres, comme les convolvulus, l’occlusion de la fleur n’a lieu qu’une fois, et son sommeil marque sa fin. Linné a noté les heures où certaines plantes s’épanouissent et se ferment, et il a composé ainsi ce qu’on a appelé l’Horloge de Flore, mais on n’a pas pu établir scientifiquement les relations de ces occlusions avec l’intensité lumineuse.

La coloration verte des feuilles et des tiges végétales est due à une matière spéciale appelée chlorophylle, laquelle forme des granulations microscopiques contenues dans les cellules qui constituent ces feuilles et ces tiges. Ces grains sont plus ou moins nombreux dans chaque cellule, et c’est à leur nombre autant qu’à l’intensité de leur coloration qu’est due la nuance des tissus de la plante. Tantôt ils sont serrés les uns contre les autres et recouvrent totalement la surface interne de la cellule, tantôt leur quantité est moindre, et ils ne se touchent point. Or on a découvert récemment que, dans ce dernier cas, sous l’influence de la lumière, les corpuscules verts dont il s’agit éprouvent des changemens de position très remarquables. M. Bœhm, il y a une douzaine d’années, vit pour la