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LA
QUESTION AGRAIRE
EN IRLANDE ET EN ANGLETERRE

II.
LA GRANDE PROPRIETE ET LE PROLETARIAT RURALE.[1]

La question agraire se débat en Irlande entre propriétaires et fermiers. En Angleterre, elle met aux prises la grande propriété et le prolétariat des campagnes. En Irlande, le fermier se plaint d’être dépouillé des fruits de son travail, et il veut acquérir certains droits sur le sol qu’il cultive. En Angleterre, les ouvriers agricoles sont plongés dans un tel degré de misère qu’il n’a d’égal que le paupérisme des cités. « Si politiquement, dit M. Leslie, la question paraît plus grave en Irlande, économiquement elle est bien plus redoutable en Angleterre, car ce que l’on demandera bientôt, c’est si le sol national doit être une source de puissance et de luxe pour quelques individus ou un élément de bien-être et de prospérité pour tous, si ce problème doit être résolu par les privilégiés ou par la nation entière. » Tout annonce en effet l’approche d’une crise où la grande propriété féodale sera l’objet d’attaques auxquelles la propriété constituée démocratiquement, comme elle l’est en France, ne donne point prise. C’est que la situation économique de

  1. Voyez la Revue du 15 juin.