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corpuscules d’espèces et de formes diverses, visibles seulement au microscope et qu’on nomme élémens anatomiques. Ils virent quelques-unes des cellules, des fibres et des tubes extrêmement petits qui s’associent ainsi pour former les parties solides que nous observons à l’œil nu. Gruthuisen, Heusinger, Schleiden, Schwann et d’autres développèrent ainsi le système d’anatomie générale exposé par Xavier Bichat.

L’ancienne médecine avait professé les doctrines les plus bizarres sur les liquides de l’organisme, et les avait associés de la plus étrange façon à ses systèmes sur la santé et la maladie. Pour les hippocratistes, et plus tard pour Galien, il y avait quatre humeurs : le sang, la pituite, la bile jaune et la bile noire, dont le juste tempérament constituait la santé, et dont la disproportion ou l’âcreté produisait les maladies. Les modernes se contentèrent bien longtemps de ces données illusoires, et ce n’est guère qu’au XVIIIe siècle qu’un progrès réel fut accompli dans la connaissance des humeurs, grâce aux travaux de Rouelle le cadet. Après lui, Fourcroy, Vauquelin, Berzelius, MM. Chevreul, Liebig, Dumas et Denis, appliquant la méthode exacte des investigations chimiques à l’étude de ces intéressantes parties firent connaître les composés chimiques, les principes immédiats dont elles sont formées. Ils tachèrent aussi de reconnaître et de doser ces principes dans les organes et dans les tissus de l’économie. Malheureusement la chimie ne suffit pas pour résoudre tous les problèmes de la biologie, et l’on a reconnu de nos jours que l’analyse chimique doit céder le pas à l’analyse anatomique dans l’examen de la composition des rouages de l’organisme. C’est ainsi que s’est constituée une anatomie générale plus complète que celle de Bichat et comprenant l’étude méthodique des êtres animés à partir de leurs principes intégrans les plus rudimentaires jusqu’aux tissus complexes qui sont la trame de leurs organes. M. Charles Robin a contribué plus que personne par son enseignement et ses travaux à l’avancement de ces études.


II

M. Robin inaugura sa carrière scientifique en 1845 par une découverte des plus importantes. En étudiant le système vasculaire des poissons, il trouva un appareil électrique chez la raie. Le nombre est fort restreint de ces poissons singuliers qui ressemblent à des machines électriques par les contractions et les secousses quelquefois très énergiques qu’ils provoquent lorsqu’on les touche. On n’en comptait avant M. Robin que quatre espèces (torpille, gymnote, malaptérure et mormyre). Augmenter cette courte liste était