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la direction de l’axe n’est rien moins qu’uniforme pour l’ensemble du système solaire, et les diversités que présentent sous ce rapport plusieurs planètes comparées à la nôtre nous fournissent le tableau véritable de ce que celle-ci serait, si par impossible l’axe de rotation s’était redressé ou incliné par rapport à ce qu’il est aujourd’hui. Si Taxe terrestre, au lieu de couper obliquement le plan de : l’orbite, était dirigé parallèlement à ce plan, et qu’aux solstices l’un des pôles eût le soleil à son zénith, quelle perturbation profonde ne résulterait-il pas de cette disposition que présente, à peu de chose près, la planète Mercure ! Le cercle polaire se confondrait avec l’équateur et les tropiques avec le pôle ; une fois par an, le soleil éclairerait chaque pôle ; les deux hémisphères distribués dès l’équateur, comme le sont maintenant les seules zones glaciales, c’est-à-dire par climats de jours et de mois, auraient tour à tour des étés brûlans et des hivers glacés, tandis que vers l’équateur le soleil, vertical aux équinoxes, raserait l’horizon aux solstices, ainsi qu’il le fait aux pôles. Les contrées voisines de l’équateur seraient seules habitables, à ce qu’il semble, sur une terre construite de cette façon, car les-alternatives de chaleur tropicale et d’obscurité glacée. qui seraient propres aux alentours des pôles et à la plus grande partie de notre zone tempérée feraient de dures conditions aux êtres vivans qui y seraient fixés. Le climat d’un globe pareil serait excessif. — Il serait tout autre, si l’axe, entièrement redressé, comme dans Jupiter, devenait perpendiculaire au plan de l’orbite ; le jour et la nuit n’auraient alors d’inégalité nulle part, tandis qu’aux pôles la même clarté se maintiendrait toute l’année à l’état de crépuscule. Avec l’axe vertical, les latitudes existeraient, plus régulières seulement qu’aujourd’hui, et les différences de climat ne tiendraient qu’à l’obliquité croissante des rayons solaires à mesure que l’on s’avancerait vers les pôles, ces rayons n’étant verticaux qu’à l’équateur. Dans ces conditions, la zone équatoriale percevrait une somme de chaleur égale à celle qui lui est maintenant départie ; les nuits n’étant longues nulle part, nulle part aussi la terre ne se refroidirait assez pour présenter des glaces polaires, tandis que les courans marins et atmosphériques tendraient à uniformiser partout les climats. Les zones moyennes sur un globe ainsi disposé auraient une température douce, mais sans chaleur, et les régions polaires, faiblement, mais sans cesse éclairées, seraient enveloppées d’un voile de vapeurs brumeuses.

Ces hypothèses cosmiques reposent pourtant sur des fondemens sérieux, puisque l’astronomie en atteste la réalité pour d’autres astres que le nôtre. Nous n’avons pas le droit d’avancer, il est vrai, que la terre ait traversé de pareils états et que l’axe du globe ait jamais