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Il serait impossible aux bureaux de bienfaisance de faire l’œuvre à laquelle ils sont appelés, si l’administration de l’assistance publique ne les aidait dans de larges et fécondes proportions : 500,000 francs en espèces et 684,123 francs 60 centimes en pain ; de plus une réserve qui ne peut dépasser 450,000 francs et qu’on appelle la subvention extraordinaire permet à l’assistance d’établir une sorte d’équilibre entre les ressources des différens bureaux. On fixe pour l’année la moyenne du secours destiné à chaque ménage indigent (50 francs 52 centimes pour 1869), et l’on donne à chaque bureau une somme complémentaire qui lui permet d’atteindre un minimum déterminé. En 1869, 345,301 francs ont été pris sur la subvention extraordinaire, et distribués proportionnellement à dix bureaux de bienfaisance trop pauvres pour trouver en eux-mêmes l’argent qui leur était indispensable. La part la plus forte a été faite au treizième et au vingtième arrondissemens, qui sans cela n’auraient pu donner par ménage, le premier que 33 fr. 21 cent., le second que 33 fr. 96 cent. En additionnant toutes les sommes reçues en 1869 par les bureaux de bienfaisance, on voit qu’ils ont eu à distribuer en argent et en nature 2,436,351 francs 54 centimes ; mais, malgré les efforts de l’assistance pour essayer de donner des ressources égales à tous les bureaux, elle n’y parvient guère : les arrondissemens riches sont toujours, grâce à l’abondance des aumônes qu’ils recueillent, bien plus favorisés et dépassent amplement la portion congrue à laquelle les autres sont réduits. Ainsi le deuxième a pu dépenser 115 fr. 85 cent, par ménage ; le huitième 116 fr. 55 cent, et le neuvième, le plus opulent de tous, 127 francs 75 centimes.

Cette part gardée aux indigens est bien maigre, dira-t-on, et ce n’est pas avec la moyenne la plus élevée, avec 127 francs, qu’on sauvera un homme de la misère ; non certes, mais il ne s’agit pas de donner des rentes à ceux qui demandent. La mission des bureaux de bienfaisance est heureusement moins difficile, elle consiste à venir en aide à un individu momentanément empêché, à soigner les malades, à permettre à l’ouvrier appauvri par suite d’un chômage forcé d’attendre des jours plus favorables. En étudiant de près la population toute spéciale qui a sans cesse recours à la charité publique et privée, nous pourrons nous convaincre qu’elle est peu intéressante, qu’elle affecte la misère bien plus qu’elle ne la ressent, et que l’administration qui gère le dépôt sacré du bien des pauvres est obligée à une extrême circonspection pour ne pas être abusée et dépouillée. Que de fois des gens qui avaient obtenu des bons de pain sollicités avec insistance les ont-ils cédés au boulanger, et ont été acheter de l’eau-de-vie avec l’argent qu’ils avaient obtenu ! Que de fois ceux à qui l’on avait accordé plusieurs bons de