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mères-nourrices qui n’ont point de moyens d’existence, aux enfans abandonnés, aux orphelins qui n’ont pas encore atteint l’âge de seize ans, aux chefs de famille qui ont à leur charge trois enfants au-dessous de quatorze ans, aux veufs et aux veuves ayant deux enfans en bas âge ; mais on ne se montre pas trop rigoureux dans l’observation de ces règles préservatrices, seulement les secours cessent aussitôt que la cause qui les a motivés a pris fin. Il n’en est point ainsi des secours annuels, qui ont un caractère absolu de permanence, car ils sont réservés à une catégorie de gens à qui l’âge ou les infirmités interdisent presque tout travail. De 70 à 79 ans, le vieillard indigent reçoit 5 francs par mois ; de 79 à 82 ans, 8 francs ; de 82 à 84, 10 francs, et 12 francs de 84 ans jusqu’au dernier terme. — Les aveugles, les paralytiques, les épileptiques, les malades atteints de cancer sont également désignés pour un secours mensuel, qui varie entre 5 et 10 francs ; cette petite somme n’exclut pas les bons de pain, les bons de viande, les vêtemens et le linge. Bien des individus remplissant toutes les tristes conditions requises pour obtenir leur entrée dans un hospice n’y peuvent trouver asile, faute de place, et restent sur le pavé de Paris ; l’administration, dans la mesure des fonds dont elle dispose, les adopte alors, et, par l’intermédiaire du bureau de bienfaisance de leur quartier, leur fait servir une pension annuelle qu’on appelle le secours d’hospice, et qui est fixée à 195 francs pour les femmes, et à 253 francs pour les hommes. En 1869, 1,137 individus, 427 hommes et 710 femmes, ont pu jouir des bénéfices de cette subvention régulière.

Les ressources particulières des bureaux de bienfaisance sont très aléatoires, car elles reposent exclusivement sur l’initiative individuelle. Elles sont formées par le produit de quelques legs et des quêtes faites chaque année par les commissaires et dames de charité après invitation pressante expédiée sous la signature du maire de l’arrondissement. À prendre le total des fonds versés en 1869 dans la caisse des bureaux, nous n’arriverons pas à un ensemble bien considérable, car il ne s’élève qu’à 906,926 francs 94 cent. Il est facile, en voyant comment cette somme est répartie, de conclure que les recettes de chaque arrondissement sont en raison directe de la richesse et non point de la misère de ses habitants, ce qui logiquement devrait être le contraire. Ainsi les quartiers opulens, le Louvre, la Bourse, l’Opéra, le faubourg Poissonnière, donnent 80,747 fr., 72,294 fr., 97,288 fr., 88,422 fr., tandis que les arrondissemens pauvres, ceux où les besoins s’accentuent parfois avec une urgence redoutable, ne peuvent parvenir à récolter que des sommes relativement insignifiantes : Belleville, 15,339 fr. ; Vaugirard, 13,889 fr. ; la Glacière, 17,708 fr. ; la Villette, 16,172 fr.