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ont été distribués à 129,991 indigens par les soins de l’assistance publique ; c’est une population qui dépasse celle de bien des capitales. Pour subvenir aux besoins d’une telle masse d’individus, il a fallu organiser dans Paris des centres de secours, qui, tout en prenant le mot d’ordre de l’administration générale, en lui rendant des comptes et en en recevant des subventions, pussent agir isolément sur les misères au milieu desquelles ils sont situés. Ils rayonnent autour d’eux, dans des limites sévèrement fixées, et multiplient ainsi l’œuvre de la charité publique aidée par la charité privée. À cette disposition très simple, très pratique, répondent les 20 bureaux de bienfaisance qui se partagent les 20 arrondissemens de Paris. Leur organisation est déjà ancienne et date de la révolution.

La loi du 25 mai 1791 chargea la municipalité de Paris d’administrer le bien des pauvres ; le 5 août, celle-ci nomma une commission spéciale qui, après de lentes études souvent interrompues par les événemens dont l’influence modifiait incessamment le personnel siégeant à l’Hôtel de ville, proposa l’institution des bureaux de bienfaisance que la loi du 7 thermidor an V créa définitivement. Ils furent plus ou moins nombreux selon les plans qui prévalurent à différentes époques[1] ; aujourd’hui il y en a un annexé à chaque mairie. Ils sont régis par un conseil supérieur composé du maire, président de droit, des adjoints, de 12 administrateurs, d’un nombre de commissaires et de dames de charité proportionné à celui des indigens, et d’un secrétaire-trésorier, agent responsable dépendant de l’administration centrale. Chaque arrondissement est divisé en 12 zones distinctes, et la surveillance de chacune d’elles est attribuée à l’un des 12 administrateurs ; ce sont ceux-ci qui décident quel genre de secours recevra l’indigent et dans quelle mesure le secours doit être accordé. Des médecins, des sages-femmes, attachés à chaque bureau, sont désignés par le préfet de la Seine. Nul n’a droit à des secours s’il n’est inscrit sur le registre qu’on appelle le contrôle. L’indigent fait une demande : il est visité par l’administrateur, par un commissaire ou une dame de charité, par un médecin, et un rapport détaillé est présenté sur sa situation à l’une des deux séances que le conseil d’administration tient réglementairement deux fois, par mois ; lorsque son admission est prononcée, son nom est inscrit sur une carte jaune, si le secours accordé est temporaire, verte, si celui-ci est annuel.

Régulièrement les secours temporaires ne doivent être distribués qu’aux blessés, aux malades, aux femmes en couches, aux

  1. Dans le principe, il y eut 48 comités de bienfaisance correspondant aux 48 quartiers de Paris ; en 1816, ils firent place à 12 bureaux de charité (1 par arrondissement) ; en 1830, ils prirent la dénomination, qu’ils ont gardée, de bureaux de bienfaisance.