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insuffisante, et le 10 janvier 1849 une loi fut votée qui règle cette délicate matière. En fait, l’ancien conseil général d’administration est remplacé par un conseil de surveillance, et la commission exécutive s’est effacée devant un directeur général responsable. Au lieu du système républicain inauguré par l’arrêté des consuls, maintenu sous la restauration et par la dynastie de juillet, on a aujourd’hui le principe monarchique constitutionnel voté par une assemblée républicaine. C’est là un de ces accidens de logique française dont notre histoire n’offre que trop d’exemples.

Cette centralisation de tous les pouvoirs hospitaliers en une seule main a produit, il faut le reconnaître, d’excellens résultats. En assurant l’unité d’impulsion à des services multiples, elle a permis de faire concourir ceux-ci au même but, d’activer la bienfaisance, de la régulariser pour ainsi dire, de ne distribuer les secours qu’en connaissance de cause, dans une mesure proportionnée aux ressources dont on dispose et aux besoins qu’il est urgent de soulager. Située jadis au parvis Notre-Dame, dans un lourd bâtiment qui sert actuellement d’annexé à l’Hôtel-Dieu, l’administration occupe depuis 1867 une vaste maison prenant triple façade sur l’avenue Victoria, la place de l’Hôtel-de-Ville et le quai Le Pelletier. C’est une sorte de ministère très fréquenté et où la besogne ne chôme pas. L’assistance publique a la direction des 8 hôpitaux généraux, des 7 hôpitaux spéciaux établis à Paris, de 3 hôpitaux en province destinés au traitement des maladies scrofuleuses des enfans (Berck-sur-Mer, Forges, la Roche-Guyon), de 10 hospices, de 3 maisons de retraite, de 20 Bureaux de bienfaisance, de 57 maisons de secours ; elle préside aux soins donnés à domicile ; elle est tutrice des enfans assistés et des aliénés ; elle emploie un personnel de 6,338 agens, dont 1,989 appartiennent au corps médical. Tout ce qui dans cet immense Paris souffre, a faim, est abandonné, est malade, est indigent, vient à elle et l’implore. Elle est la grande sœur de charité ; dans la mesure de ses forces, elle accueille les misères et panse les plaies. Si elle demande sans cesse, si elle sollicite toujours l’attention et)a. générosité des personnes riches, c’est afin d’avoir plus à donner.

Qui n’a entendu parler des biens des hospices ? Il est de tradition dans le peuple de Paris que jamais si considérable trésor n’a été vu dans aucun temps ni dans aucun lieu. C’est l’éternelle histoire des bâtons flottans. Si l’assistance publique n’avait pour ressource que les legs qui lui ont été faits et les dons que la charité lui envoie, les indigens de Paris mourraient de faim, et il faudrait fermer la moitié des hôpitaux. Elle s’est faite très lentement et par accumulation cette fortune qui réunit aujourd’hui les biens de l’Hôtel-Dieu, ceux