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constitué une source de chaleur suffisante pour échauffer la surface terrestre, grâce à une atmosphère demeurée longtemps très dense, il semble malgré tout que l’influence des latitudes aurait dû se trahir par quelques indices, si elles n’avaient jamais change. On concevrait difficilement qu’à l’époque tertiaire, dont les êtres sont déjà si voisins des nôtres et ont dû être soumis aux mêmes conditions d’existence, l’influence seule des basaltes en fusion eût pu rendre le Spitzberg et le Groenland accessibles aux plus grands végétaux et neutraliser à leur profit jusqu’à l’obscurité des longues nuits polaires. La solution vainement poursuivie jusqu’ici de ce grand problème est sans doute purement astronomique : si l’axe terrestre n’a pas varié de direction, le soleil n’a-t-il pas changé, et l’ensemble du système planétaire est-il resté immobile ? Le globe s’est consolidera la surface, puis contracté ; il a dû, en diminuant de volume et augmentant de densité, accélérer son mouvement. Le jour et l’année ont vu raccourcir leur durée ; l’atmosphère a perdu en étendue, gagné en transparence ; plus facile à échauffer, elle se refroidit plus aisément. Les eaux se sont accrues à Tétât liquide ou solide, elles ont diminué à l’état de vapeur ; les différences climatériques, en s’accusant de plus en plus, ont augmenté la violence des vents et la force des courans. L’homme est venu se placer au milieu d’un état de choses qui s’éloigne, à ces égards et à bien d’autres, de l’état antérieur ; il a dû lutter contre des forces moins actives sans doute et moins formidables, mais infiniment plus variées et plus inégales que celles d’autrefois.

Si le globe terrestre a tellement changé, l’ancienne nébuleuse solaire dont nous nous sommes un jour détachés a dû se transformer de son côté. Les taches du soleil ne sont probablement que les premiers indices de solidification d’une matière à l’état de fluidité incandescente ; l’astre lui-même a passé par bien des états successifs de condensation gazeuse avant d’arriver à celui de fluidité ignée vers le centre, qui paraît le caractériser maintenant. La clé des phénomènes géologiques, si inexplicables en apparence, se trouve ainsi dans l’étude des vicissitudes de l’astre central ; mais quand les sciences consentiront-elles à se donner la main pour mieux aborder des problèmes d’une telle complexité ? En attendant, le livre de M. Burmeister en offre un tableau aussi complet que possible, exposé dans un style clair et sobre, dont le traducteur, M. E. Maupas, a su conserver la verdeur originale, tout en lui prêtant une élégance que ne déparent point certaines tournures germaniques. Les révisions opérées par M. Giebel et par l’auteur lui-même, les nombreuses figures intercalées dans le texte, placent l’Histoire de la Création, arrivée en Allemagne à sa huitième édition, immédiatement à côté du Cosmos. Plus accessible que ce dernier ouvrage aux intelligences mondaines et mieux adapté aux récens progrès de la paléontologie, de l’anthropologie et de la cosmogonie, le livre de M. Burmeister se