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ESSAIS ET NOTICES


Histoire de la Création, exposé scientifique des phases de développement du globe terrestre et de ses habitans, par M. H. Burmeister, directeur du incisée de Buenos-Ayres, traduit de l’allemand par M. E. Maupas ; Paris 1870. F. Sary, éditeur.


La création, dans la pensée de l’auteur de ce livre, c’est l’ensemble de tout ce qui est vivant ou l’a été autrefois ; l’histoire dont il trace le tableau, c’est celle des êtres organisés, dont la variété, l’énergie et l’intelligence n’ont cessé de croître depuis le temps de leur première apparition sur notre planète. A l’étude des acteurs de ce grand drame, M. Burmeister a joint celle de la scène qu’ils ont parcourue. Le lecteur apprendra ainsi à connaître, non pas méthodiquement, mais à l’aide des procédés les plus habiles que l’écrivain et le savant puissent employer, les divers états que la terre a dû traverser, la marche et le sens des phénomènes lents ou terribles qui l’ont agitée, et dont ceux de nos jours ne sont qu’une image affaiblie et un dernier écho. Dans cette étude, Laplace, Werner, Humboldt, Léopold de Buch, Bischof, Élie de Beaumont, servent tour à tour de guides à l’auteur. On sait que le globe terrestre, d’abord gazeux, puis fluide et incandescent, a jadis brillé comme une étoile. Même après avoir commencé à se solidifier, il a été longtemps enveloppé d’une atmosphère impénétrable à la lumière solaire et livrée à d’épouvantables orages. C’est seulement à la suite du refroidissement superficiel, opéré d’une manière très lente, que la terre a présenté un sol et des eaux susceptibles de nourrir des organismes vivans. Malheureusement la certitude du fait initial et l’existence de quelques rares documens sont loin de suffire pour dissiper l’obscurité de cette première période. La vie elle-même est aussi difficile à concevoir qu’à définir. On dit bien qu’elle est la manifestation d’une force, mais ce dernier mot cache mal l’indigence de l’idée ; n’est-il pas là pour exprimer une cause inconnue ? La vie organique, principe abstrait, n’est pour ainsi dire qu’un cadre ; il faut, pour se réaliser, qu’elle emprunte au règne inorganique les élémens dont elle dispose ; elle les modifie, mais pour les rejeter presque aussitôt. C’est un foyer qui veut être sans cesse alimenté, il n’existe que par le changement et pour le changement ; la stabilité entraîne la mort.

Si l’on ne trouve pas ce qu’est la vie dans son essence, explique-t-on mieux les étapes successives par où elle a passé sur la terre, allant toujours en se compliquant et se perfectionnant à travers les âges ? Ici du moins on possède une riche collection de faits dont le lien commun,