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LE DRAME DU VÉSUVE.

ventée par le père Antonio Piaggi[1]. On y a trouvé quatre tableaux peints sur marbre en camaïeu, surtout celui qui représente des jeunes filles jouant aux osselets, et qu’a signé l’Athénien Alexandre ; les bronzes les plus vantés du musée de Naples, les six actrices qui se costument (peut-être des baigneuses figurées autour d’une piscine), les deux nageurs prêts à se jeter dans l’eau, le Faune ivre, une Minerve archaïque, les bustes des cinq derniers Ptolémées avec les deux Bérénice, le Platon et l’Archytas, l’Héraclite et le Démocrite, onze bustes romains, des satyres, des silènes, des animaux, des petits groupes, enfin cette admirable statue de Mercure au repos, qui a inspiré si heureusement le sculpteur français Duret lorsqu’il a exécuté son Danseur napolitain. Quant aux statues de marbre, elles étaient rares ; une seule, il est vrai, suffit pour illustrer une collection : c’est le chef-d’œuvre désigné par le nom d’Aristide et qui représente plus vraisemblablement l’orateur Eschine ; l’on doit ajouter que les bronzes les plus remarquables du musée de Naples viennent d’Herculanum et principalement de cette villa. Il y avait d’autres riches maisons de campagne, aux portes de la ville, sur les routes de Naples et de Pompéi : elles restent à découvrir.

On conçoit maintenant pourquoi M. Fiorelli doit porter de ce côté ses principaux efforts. Non-seulement il recueillera plus d’objets précieux qu’à Pompéi et d’un style supérieur, mais il rendra un service insigne à l’archéologie en dégageant peu à peu de son enveloppe, en consolidant, à mesure qu’il la dégagera, une ville qui a été enterrée dans toute sa hauteur. Auprès des résultats que promet Herculanum, ceux que donne Pompéi paraissent moins dignes d’envie. Pompéi était adonnée au commerce, elle était plus loin de Naples, on y avait le goût moins pur ; Herculanum était comme un faubourg de Naples et un lieu de repos, on y aimait les plaisirs de l’esprit et le luxe. Pompéi était habitée surtout par des Osques et par des colons pauvres, fils des grossiers vétérans envoyés par Auguste ; Herculanum avait été peuplée par une race privilégiée, la race grecque, elle attirait pendant l’été les Romains les plus riches et même les patriciens. À Pompéi, on était moins lettré, l’art s’appliquait surtout aux besoins de la vie ; à Herculanum, on avait des bibliothèques et l’on faisait venir des artistes grecs ou leurs œuvres. Pompéi a été dépouillée jadis à loisir par ses propres habitans ; Herculanum n’a pu l’être, et les boyaux de mine creusés au siècle dernier n’ont atteint que peu de maisons et surtout que les monumens

  1. On en a déroulé et lu cinq cents jusqu’à ce jour. Ce sont, pour la plupart, des traités de philosophie, écrits en grec, par Épicure, Philodème, Métrodore, Colotès, Démétrius, etc… Quel dommage que le possesseur de cette villa n’ait pas eu le goût de l’histoire et ne nous ait pas légué un Polybe, un Tite-Live, un Tacite complets !