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Le
drame du Vésuve


III.

LE SORT DE POMPÉI ET D’HERCULANUM[1].



I

L’humanité, qui aime à tout simplifier, s’arrête peu devant les catastrophes ; elle les décrit, les classe et n’y songe plus. On s’étonne parfois de l’indifférence des écrivains qui, après avoir raconté les péripéties d’un naufrage et peint vivement le spectacle d’un grand désastre, ne s’inquiètent plus des conséquences. De même à Pompéi nous n’avons d’attention que pour les victimes, sans nous occuper de ceux qui ont survécu. Les morts obtiennent toute notre pitié ; mais les vivans étaient-ils moins misérables ? Que sont devenus tant de milliers de citoyens qui avaient perdu leur fortune, leurs champs, leur maison et jusqu’au sol de leur patrie ? J’avoue que cette partie du drame, pour avoir été rejetée dans l’ombre, n’excite pas moins mon intérêt. Mon imagination se porte au-delà des faits mentionnés par les auteurs ; elle cherche quelques points fixes pour rattacher ses hypothèses ; elle demande à l’archéologie de suppléer au silence des historiens, car tel est son rôle, et de retrouver les traces d’un passé que les hommes ont effacé de leur mémoire.

  1. Voyez la Revue des 1er  et 15 mai.