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grouperait les diverses régions de la France d’après leurs communautés d’intérêts, de rapports, de traditions historiques et provinciales. On formerait ainsi des circonscriptions, fixées, cela va sans dire, d’une manière définitive en dehors de l’arbitraire administratif, mais variant entre elles suivant les nécessités de lieux et de population, et nommant, par exemple, de 10 à 15 députés. Voici alors comment les choses se passeraient.

Dans chaque circonscription et dans un délai prévu par la loi, les candidats à la députation déclarent en forme leur intention de se présenter aux suffrages de leurs concitoyens. Nous ne parlons pas, bien entendu, de serment préalable; nous parlons d’une simple déclaration. Le tableau des candidats, de leurs noms, professions, qualités, est affiché en permanence à la porte de la mairie de chaque commune. Sur cette base, les électeurs se réunissent, discutent, délibèrent, se groupent, composent leurs listes, et finalement déposent leurs votes dans les urnes. Le scrutin une fois clos, dans chaque commune les scrutateurs désignés par la loi, avec toutes les garanties désirables, comptent les bulletins, les numérotent sans les dépouiller, et dressent mi procès-verbal constatant le nombre de suffrages exprimés. Les bulletins, accompagnés d’un double de ce procès-verbal, sont ensuite centralisés au chef-lieu de la circonscription, où se fait le dépouillement. Là, l’opération s’effectue suivant les règles indiquées plus haut. On commence par totaliser, d’après les procès-verbaux, les suffrages exprimés dans les diverses communes, on divise ce total par le nombre des députés à élire, et l’on obtient ainsi le quotient électoral. Puis, au fur et à mesure que l’on ouvre les bulletins, on tient compte sur chacun d’eux d’un seul nom, du nom qui est inscrit en tête, et que l’électeur a ainsi désigné comme obtenant avant tout sa confiance. Aussitôt qu’on candidat a atteint le quotient exigé, on le proclame élu, et si son nom, sur l’un des bulletins subséquens, se présente le premier, on l’oblitère, et l’on tient compte sur ce bulletin du nom qui suit immédiatement le nom déjà consacré par un nombre suffisant de suffrages. Lorsque tous les bulletins ont été dépouillés, chaque électeur se trouve donc avoir contribué pour un suffrage à la nomination d’un député sans que son vote ait fait double emploi ni rien perdu de sa valeur. Le résultat, répétons-le en passant, est une proportion