Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 87.djvu/333

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dres. On ne doit pas attribuer à la combustion l’état des poutres, des linteaux et des bois qu’on retrouve abondamment à Pompéi. L’action du temps et de l’humidité les a lentement consumés, noircis, rendus pulvérulens ; mais ils n’ont été ni réduits en cendre, ni carbonisés, ni même attaqués par le feu : les pilotis qu’on retire des lieux marécageux noircissant de même ; cela est si vrai que les parties des poutres traversées par des chevrons et des clous ont été protégées par l’oxyde de fer et ont conservé leur couleur naturelle. Enfin les grosses pierres lancées par l’orifice du cratère retombent toujours sur les pentes du cône, et décrivent des paraboles trop courtes pour atteindre la plaine ; quant à l’immense quantité de pierres ponces qui ont souvent 4 mètres d’épaisseur, elles sont si petites et si légères qu’elles auraient à peine meurtri le visage délicat d’un enfant ; un oreiller ou un voile jeté autour du visage était une protection suffisante.

Trois causes ont été surtout funestes aux habitans : le tremblement de terre, leur réclusion volontaire ou forcée, les gaz plus lourds que l’air, qui retombaient sur le sol et les asphyxiaient.

Le tremblement de terre a été plus violent qu’à Misène, qu’à Stabies, qu’à Herculanum. La situation de Pompéi, sur d’anciennes coulées de laves et sur une fissure normale du volcan, l’exposait la première aux secousses qui accompagnaient l’éruption. De même qu’en 63, sous Néron, la ville avait été détruite, tandis qu’Herculanum et Naples n’étaient qu’à demi bouleversées, de même en 79, sous Titus, Pompéi fut agitée plus violemment que les cités voisines. Les ruines actuelles le démontrent sur tous les points. Certes les maisons n’ont pas été jetées à terre, et les rez-de-chaussée sont debout ; mais les pierres ont été fendues par des oscillations qui les ont pour ainsi dire déchirées en deux, puis rapprochées. Les plus belles pierres des façades et les piliers des boutiques ont ainsi éclaté ; les mosaïques et les dallages des maisons présentent des ondulations qui accusent tour à tour le soulèvement et l’affaissement du sol. Avec de tels mouvemens, il est impossible que les colonnes des portiques les plus élevés, les étages supérieurs de certaines maisons, des murs de clôture mal bâtis, n’aient pas été renversés.

En effet, on lit dans la relation des fouilles du 14 juin 1787 qu’on a trouvé huit squelettes sous les ruines d’une muraille, hors des portes de la ville. Un collier, des bracelets, une bague d’argent, étaient la parure des femmes qui étaient au nombre des victimes ; une lanterne attestait que ces malheureux avaient fui en essayant de se guider au milieu des ténèbres. Le 5 mai 1818, on a recueilli pendant le déblai du forum deux squelettes, dont l’un était engagé sous une des colonnes renversées du temple de Jupiter ;