Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 87.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ches, n’attestent que le souvenir idéalisé des accidens dont les Grecs avaient été les témoins : rien ne concerne le Vésuve.

L’archéologie fournit seule quelques points de comparaison ou du moins de lointaines analogies. Je ne parle pas des villes de la Mer-Morte, Sodome, Gomorre, etc., parce que la science n’a pu encore s’assurer si elles ont été englouties dans un cataclysme volcanique, ou si elles ont été détruites par des couches de naphte abondantes dans le pays et subitement embrasées. Quand la relation du voyage du duc de Luynes aura été publiée, nous saurons peut-être quelles conclusions l’examen des lieux a suggérées à ce courageux explorateur, qui unissait tant de méthode à tant de mérite et qui a doté son pays d’une collection vraiment princière. On citera avec moins d’hésitation les découvertes faites sur le Monte-Cavo au mois de février 1817, sur le territoire de Marino et dans le voisinage des ruines d’Albe-la-Longue, ainsi nommée parce qu’elle s’étendait sur le bord du lac. On a trouvé, sous un banc de péperin qu’on exploitait et qui avait environ 60 centimètres d’épaisseur, des tombeaux qui paraissaient appartenir aux temps les plus reculés. Il n’est pas inutile de rappeler quelle est la formation de cette pierre, dite péperin, qui est toute volcanique. C’est un tuf composé de cendres et de petites pierres calcinées qui, après avoir été rejetées par le volcan, ont été entraînées et amalgamées par les torrens de pluie qui accompagnent toute éruption très violente. Le Monte-Cavo, au temps de son activité, a vomi un jour une immense quantité de vapeur d’eau. Cette vapeur, condensée aussitôt par le refroidissement, est retombée autour du cratère sous forme de pluie torrentielle, entraînant cendres et pierres carbonisées, les précipitant dans les parties creuses de la montagne, formant des dépôts qui se sont peu à peu solidifiés, et ont pris la dureté de la pierre. Les petits charbons semés dans ces tufs gris ont paru aux Italiens des grains de poivre, d’où le nom de peperino. Le péperin a servi à bâtir Rome sous la république ; le travertin, qui est formé au contraire par le sédiment des eaux sulfureuses de Tivoli, ne l’a remplacé que plus tard.

Or sous ce banc de péperin, contemporain des dernières éruptions du Monte-Cavo, antérieur par conséquent aux époques historiques qui n’ont connu ce volcan qu’absolument éteint, on a vu reparaître des tombeaux et des restes de constructions qui n’ont été ni explorées avec discernement, ni décrites avec exactitude, car c’étaient des gens du pays qui faisaient ces fouilles par simple spéculation. Dans les tombeaux, on a recueilli des vases de terre noire d’une fabrication assez grossière, qui se rapprochent des poteries primitives de l’Italie. Ce qui frappa le plus, ce fut une urne en forme de cabane ronde avec son toit, ses ais, sa porte, qui s’ouvrait pour