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volume in-8o. La session de 1868 se tint à Londres, sous la présidence de l’éminent naturaliste sir John Lubbock. Elle fut et devait être moins brillante. Bien que riche de son propre fonds, l’Angleterre seule ne pouvait éveiller un intérêt aussi puissant que la France, aidée du concours que lui avait apporté le monde entier. Pourtant là aussi on éclaircit des questions délicates, on constata des résultats importans et nouveaux.

A mesure que le congrès se développait, et que l’on touchait à des problèmes plus nombreux et plus graves, on sentait davantage le besoin de remonter aux sources mêmes de la science, de visiter ces collections danoises dont l’exposition de 1867 avait fait entrevoir la richesse, d’entendre sur les lieux et en présence des faits les fondateurs de l’archéologie préhistorique. Aussi la ville de Copenhague était-elle désignée comme lieu de réunion pour 1869, et l’on appelait à la présidence le digne successeur de Thomsen, le célèbre archéologue M. Worsaae, directeur des musées royaux. Les savans danois comprirent ce que leurs collègues attendaient d’eux, et d’après les mesures qu’ils prirent tout d’abord on put prévoir aisément que la session présenterait un intérêt exceptionnel, rehaussé par les charmes de cette hospitalité cordiale dont les populations scandinaves ont conservé le secret. Disons tout de suite que sur tous les points l’attente générale a été dépassée.

Au jour fixé, le chemin de fer déposait à la gare de Copenhague un assez grand nombre d’étrangers, Belges, Suisses, Allemands ou Français. Là, nous trouvions M. Waldemar Schmidt, secrétaire du comité d’organisation, et chacun de nous recevait un billet portant le nom de l’hôtel et le numéro de la chambre qui lui étaient destinés. Des voitures retenues d’avance nous emportaient rapidement vers ces demeures que nous n’avions pas eu le souci de chercher. Deux heures après s’ouvrait la grande salle de l’université. Sur le trajet, nous avions vu la foule remplir les rues et se presser sur nos pas. En arrivant, nous trouvions réunis à côté de nos collègues tous les hauts fonctionnaires civils et militaires, les ministres, les ambassadeurs présens à Copenhague. Le roi Christian IX, la famille royale, arrivaient bientôt, et notre président présentait au souverain les principaux savans étrangers. Des chants nationaux, entonnés par des chœurs d’étudians, ouvraient la séance. M. Worsaae, après avoir rappelé l’ensemble des études préhistoriques accomplies en Scandinavie, saluait ses collègues de tout pays réunis sous le drapeau de la science nationale. L’un de nous répondait par quelques mots improvisés bien à la hâte, et la séance finissait par de nouveaux chants. Certes jamais pareil accueil n’avait été fait à une réunion purement scientifique. A lui seul, il révélait dans les populations