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la vitesse est d’environ 1 mètre par seconde, mais qui croît comme le carré de la vitesse; elle serait, par exemple, égale à 3 kil. 500 pour un vent assez fort qui ferait 5 mètres en une seconde. Cette pression ne diminue pas beaucoup, si le cerf-volant, au lieu d’être vertical, s’incline sur le vent de manière à le recevoir en dessous; mais la direction de la pression, toujours perpendiculaire à la surface du papier, devient alors oblique par rapport à l’horizon; si l’appareil est suffisamment léger, elle en neutralise le poids et le soutient dans l’air par une traction assez forte qui tend la corde du cerf-volant. Cette tendance ascensionnelle, l’oiseau l’éprouve également lorsqu’il se dirige contre le vent, ou lorsqu’il est projeté contre l’air calme par sa propre vitesse horizontale; il faut seulement qu’il présente ses ailes de manière que l’air qu’elles rencontrent tende s’échapper en dessous. Une fois lancé horizontalement, l’oiseau peut donc monter, tout en continuant sa route, par la simple action de ses ailes déployées et immobiles ; mais la vitesse horizontale se ralentit en même temps, la résistance de l’air diminue, et l’oiseau retomberait, s’il ne se donnait pas une impulsion nouvelle par quelques coups d’aile. Lorsqu’il vole de droit fil contre le vent, il profite de la vitesse horizontale de l’air pour se hausser; mais le vent le ferait infailliblement dériver en arrière, s’il ne se procurait pas une impulsion d’arrière en avant par des battemens énergiques et répétés.

D’après Huber, les oiseaux rameurs sont relativement plus lourds que les voiliers; c’est ce qui les oblige à emprunter au vent une grande partie de leur force ascensionnelle et à jouer de l’aile presque sans relâche. Lorsqu’un rameur, le faucon par exemple, veut atteindre un but placé droit au-dessus de lui, il ne monte jamais verticalement : il prend sa route dans le vent, pousse une « carrière » oblique qui le porte au niveau du but, tourne queue, et se dirige vent arrière vers le but avec une vitesse double ou triple de celle de la carrière. Si le point qu’il vise est au-dessus du vent, il y arrive en droite ligne en faisant simplement une carrière. Si le but qu’il s’agit d’atteindre est un voilier qui fait a sa diligence » vent arrière, le faucon poussera sa carrière jusqu’à un niveau supérieur à celui de sa proie, puis fondra sur cette dernière en revenant sur ses pas avec une vitesse d’autant plus grande qu’il se sera élevé plus haut. Souvent, lorsque la montée le fatigue, il revient en arrière par un « degré » horizontal, puis recommence une nouvelle carrière, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il domine sa proie d’assez haut pour pouvoir fondre sur elle. La carrière est plus ou moins oblique, elle a généralement une inclinaison de 15 à 30 degrés; ce n’est que pour une « entreprise de courte haleine » que l’oiseau