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EXPLORATION
DU MÉKONG

VIII.
L’INSURRECTION MUSULMANE EN CHINE ET LE ROYAUME DE TALI[1].

Si l’Europe n’a désormais rien à craindre de l’islamisme, relégué chez elle dans un empire décrépit, l’Afrique et l’Asie sont moins heureuses : sur le premier de ces deux continens, il a si bien su nous démontrer son énergie, que nous avons toujours répondu par des concessions aux révoltes qu’il suscitait contre nous. Ce n’est pas seulement l’Afrique septentrionale que l’étendard du prophète couvre de son ombre mortelle. Celle-ci enveloppe déjà une multitude de peuplades de l’Afrique centrale, épaississant ainsi le voile qui malgré d’héroïques efforts dérobe encore à l’œil de la science cette mystérieuse contrée. Les causes qui ont assuré ailleurs la victoire du croissant ont amené des effets identiques dans certaines parties très reculées de l’Asie. Porté après la mort de Mahomet par les guerriers et par les commerçans arabes jusqu’aux extrémités de l’ancien monde, l’islamisme séduisit ou soumit un grand nombre des peuples belliqueux du littoral ou de l’intérieur. On s’explique le succès qu’il a obtenu chez les Malais, ces féroces écumeurs des mers dont la vapeur déconcerte aujourd’hui la cupidité; mais, non content de courber sous le joug les nomades et les sauvages, les

  1. Voyez la Revue du 15 février 1870.