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est pas un. Ayant à faire un choix entre un conseil municipal nommé comme autrefois, par le gouvernement et un conseil formé entièrement par l’élection, la commission aurait proposé le biais singulier de réunir ensemble quarante conseillers élus et vingt conseillers nommés par l’administration. Ce serait le moyen d’avoir deux conseils et de ne rien faire. Comme le disait spirituellement un des membres de la commission à ses collègues, on aurait de l’eau chaude, on y mettrait de l’eau froide, et on aurait de l’eau tiède ; mais ce serait pire encore. Il est infiniment vraisemblable que les conseillers élus seraient d’une couleur d’opposition d’autant plus prononcée qu’ils devraient se trouver en présence de conseillers nommés par le gouvernement. Cela n’est point sans doute très facile à arranger quand on veut tenir compte de tout. Mieux vaudrait probablement, en écartant la nomination par le gouvernement, qui ne serait plus acceptable désormais, chercher des garanties dans des conditions sérieuses de domicile et dans le fractionnement des élections par quartiers. De cette façon, on arriverait, autant que possible, à laisser les intérêts de Paris entre les mains des Parisiens, et à imprimer un caractère local aux élections. La commission, du reste, n’a fait qu’une proposition, qui aura encore à passer par toute la filière du gouvernement, du conseil d’état, du corps législatif, et, chemin faisant, l’œuvre arrivera sans doute à réunir les conditions désirables pour cette organisation, vainement cherchée jusqu’ici, de la grande municipalité parisienne.

La politique nouvelle ne s’est attestée ou essayée jusqu’ici que par ce travail délicat et. complexe de réorganisation où vont toutes les préoccupations depuis deux mois. Quelles sont les vues du ministère dans nos affaires extérieures, c’est-à-dire en tout ce qui intéresse l’action morale ou diplomatique de la France ? Un régime qui prend la liberté pour mot d’ordre, qui se propose de réveiller dans le pays le sentiment de la responsabilité et de la grandeur morale, ce régime ne peut pas être libéral à l’intérieur pour cesser de l’être au dehors, pour rester indifférent aux grands intérêts nationaux. Tout se tient, et dès les premiers pas notre ministère a une occasion naturelle de montrer son libéralisme dans le gouvernement de nos affaires morales et extérieures. Cette occasion, il ne l’a pas cherchée, il la trouve devant lui sous la forme de ce concile qui prépare des embarras à tout le monde, à l’église elle-même aussi bien qu’aux pouvoirs civils de tous les pays. C’est en un mot cette vieille affaire de Rome qui reparaît avec son cortège d’éternels, d’insolubles problèmes, et, comme si la petite pièce devait toujours passer avant la grande, elle a recommencé par le plus humble et le moins solennel des incidens, par un conflit sur les monnaies. Rien n’est plus secondaire en apparence. Le pape émet des monnaies divisionnaires qu’on laisse s’introduire directement ou refluer de Suisse et de Belgique en France, sur la foi d’une prochaine accession du gouvernement ro-