Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 85.djvu/634

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
POPULATIONS VÉGÉTALES
LEUR ORIGINE
LEUR COMPOSITION ET LEURS MIGRATIONS.

La population végétale d’une contrée se compose de plusieurs élémens. Le premier et le plus important, c’est l’ensemble des espèces sauvages qui croissent spontanément sur le sol et forment, pour ainsi dire, le fond de la végétation. Le second, moins essentiel, comprend toutes les plantes que l’homme a introduites à dessein pour les soumettre au régime de la grande culture. Une troisième catégorie, dont le rôle est très secondaire, comparé à celui des deux autres, se compose des espèces que diverses circonstances fortuites ont amenées et naturalisées dans la contrée. Les populations végétales n’ont donc rien de fixe; elles se sont modifiées et se modifient avec le temps. La culture en s’étendant amène l’extinction des espèces sauvages. Les progrès des sciences agricoles, de nouveaux intérêts, des relations plus rapides et plus multipliées avec d’autres contrées, transforment l’économie rurale d’un pays. Toutefois la végétation spontanée change peu; dans les mêmes localités, lorsque la charrue ne les a pas envahies, on retrouve encore les mêmes plantes à l’état sauvage ; nous le savons par les catalogues des vieux auteurs, qui nous permettent de remonter à plusieurs siècles en arrière.

En a-t-il toujours été de même? La végétation spontanée d’un pays n’a-t-elle jamais varié? On le croyait autrefois; on admettait que les animaux et les végétaux avaient été créés simultanément