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Je lisais ce livre, je me suis endormi en lisant ; j’ai rêvé que je continuais la lecture, et trois fois l’ennui m’a réveillé.


Les Anglaises dansent comme si elles étaient à dos d’âne.


Je ne sais si elle a été vertueuse, mais elle a toujours été laide, et, en fait de vertu, la laideur c’est la moitié du chemin.


Dans le village il y avait un bœuf qui devint si vieux qu’il tomba en enfance, et lorsqu’il fut abattu, la viande avait un goût de veau âgé.


Par-ci par-là, j’ai eu une grande pensée, mais je l’ai oubliée. Qu’est-ce que cela pouvait être ? Je me tourmente à le deviner.


Idée d’un tableau. Le ménage de saint Joseph. Il est assis auprès du berceau, il berce l’enfant, il lui chante une petite chanson. C’est la prose. La Vierge est assise contre la fenêtre, entourée de fleurs ; elle caresse sa colombe.


RATS QUI VOYAGENT.

Il y a deux espèces de rats, ceux qui ont faim, et ceux qui mangent. Ceux qui mangent restent à la maison, les autres s’en vont courir le pays.

Ils font des milliers de lieues sans s’arrêter, sans se reposer. Tout droit va leur course furieuse, malgré le vent, malgré la tempête.

Ils escaladent les hauteurs, ils traversent les rivières ; plus d’un se noie ou se fracasse la tête ; les survivans laissent en arrière les morts.

Ils ont des museaux horribles, ces compères. Ils sont tous chauves également, radicalement ; ils sont nus comme des rats.

La bande radicale ne connaît pas de Dieu. Ils ne font point baptiser leur engeance ; les femmes sont bien public.

Le troupeau sensuel ne veut que boire et dévorer. Pendant qu’il dévore et qu’il boit, il ne songe pas à l’immortalité de l’âme.

Ces rats sauvages, ça ne craint ni l’enfer ni le chat. Ça n’a ni feu ni lieu, ça veut repartager le monde.

Malheur ! les mulots arrivent, ils sont près de nous. Ils s’avancent, j’entends leur sifflement, ils sont légion.

Nous sommes perdus. Ils sont à nos portes. Le bourgmestre et le sénat branlent la tête. Que faire ?

Les bourgeois prennent les armes, les prêtres sonnent le tocsin. La propriété, le palladium de l’état civilisé, est en danger.

Mes chers enfans, ce n’est pas le tocsin, ce ne sont pas prières de prêtres, ni sages décrets du sénat, ni canons, ni obusiers, qui vous serviront aujourd’hui.