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propagation de la terrible maladie indienne. Si ce n’est pas là une simple coïncidence, on ne pourra refuser d’admettre le nouveau champignon microscopique au nombre des plus nuisibles cryptogames parasites.

Plus récemment encore, M. Hallier a reconnu que les variétés de ces microphytes peuvent procéder les unes des autres et dépendre à la fois de la spore et des matières sur lesquelles elle se développe. C’est ainsi que le type penicillium peut revêtir les formes micrococcus, cryptococcus, leptotrix, oïdium, M. Wieger, en se basant sur les recherches expérimentales d’un grand nombre d’observateurs, admet que les sporules minimes ou punctiformes détruisent l’épithélium intestinal et peuvent envahir l’organisme entier : elles se trouveraient dans l’air et dans l’eau des foyers d’infection cholérique. Il resterait toutefois à constater que les variétés de microphytes originaires de détritus cholériques, ainsi développées par une sorte de culture et transportées dans un organisme vivant, y reproduiraient les cystes et les sporules des micrococcus en donnant lieu aux symptômes cholériques ; jusque-là les démonstrations demeureront incomplètes. Les progrès incessans de la micrographie aboutiront peut-être un jour à mettre hors de doute cette omniprésence des végétaux rudimentaires, et le rôle décisif qu’ils paraissent jouer dans la production des maladies endémiques. Cette vérité, à peine entrevue aujourd’hui, conduirait alors à des conséquences d’une incalculable portée, car elle permettrait d’établir sur la connaissance intime des maladies un système de médication rationnel et efficace. C’est l’espoir d’un succès de ce genre qui porte à cette heure tous les praticiens vers l’étude des substances auxquelles on a reconnu la propriété de tuer les germes organisés.


III

On connaît aujourd’hui un assez grand nombre de désinfectans et d’agens antiseptiques. Un des désinfectans les plus employés est le chlore, en diverses combinaisons. Il agit chimiquement sur les produits infects des fermentations putrides, et notamment sur l’acide sulfhydrique, qu’il décompose et dont il fait ainsi disparaître l’odeur nauséabonde. Le mode d’action dès antiseptiques proprement dits est fort différent : ils préviennent les fermentations en tuant les êtres qui en sont la cause. Tel est l’acide nitreux ou hypoazotique. A l’époque de la dernière invasion du choléra, on en a fait dans nos hôpitaux une heureuse application en vue de détruire les germes organiques répandus dans l’air des salles ou déposés sur les parois. Dès qu’une salle était évacuée par les malades (qu’à dessein