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le premier, fut une vraie pentecôte. » La flamme apostolique s’était allumée dans leur sein, ils ne songeaient plus qu’à la répandre en dehors, et c’est bien de cette année que plus d’un historien a daté le véritable réveil religieux de l’Angleterre.


IV

Pendant que Whitefield allait parcourir en enseignant l’Évangile le comté de Glocester, Wesley, espérant mieux de l’église avec laquelle il ne voulait pas rompre, avait commencé de prêcher dans plusieurs paroisses de Londres ; mais autant il était uni d’intention à la hiérarchie épiscopale, autant il s’en séparait par l’esprit même de sa prédication. En croyant ne faire que maintenir la foi originelle de la réforme et des confessions anglicanes, il portait dans toutes les chaires la vive expression du principe de la justification par la foi, et il scandalisait les fidèles et les pasteurs. Bientôt il se vit à son tour interdire tous les temples et, las de parler dans une ville sourde à sa voix, il pensa que la bonne parole se ferait mieux entendre de ces hommes simples et ignorans, de ces paysans des campagnes qui pouvaient ne pas savoir le christianisme, mais qui du moins ne le faussaient pas. Là, tombant comme dans une terre vierge, la bonne semence pourrait germer d’elle-même ; les âmes frappées d’une commotion soudaine recevraient sans résistance ces coups de la grâce qui les transforment à jamais. Il ne songeait donc plus qu’à parler devant un peuple assemblé. Enthousiaste et organisateur à la fois, à la fois méditatif et pratique, il rêvait d’évangéliser le monde et de former de petites associations, de voyager en apôtre, et de diriger des communautés astreintes à ces règles particulières qui constituaient proprement le méthodisme. Toujours en conservant la résolution de gagner des fidèles à l’église, de les lui rattacher par le lien du sacrement, il sentait la nécessité de sortir des voies battues de l’enseignement pastoral et de se conduire comme un missionnaire en pays d’infidèles.

Il était donc tout prêt à entendre l’appel de Whitefield, qui lui demandait de venir le joindre. Celui-ci avait obtenu des succès inespérés. Acceptant le défi d’aller exhorter à Kingswood, près de Bristol, des mineurs à peine civilisés, chrétiens à peine, il en avait réuni 200 le premier jour autour de lui. Le second jour, il en eut 2,000, à sa troisième visite 4 à 5,000, et bientôt 10 ou 15,000. Je copie les récits des chroniqueurs méthodistes, récits qui rappellent certains versets des Actes des apôtres.

Wesley rejoignit alors son ami. Il avait longtemps hésité à suivre son exemple. Prêcher ailleurs que dans la maison de Dieu, en pleine