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ces conditions, M. Faye renoncerait volontiers à l’antique observatoire de Louis XIV. « Les souvenirs qui s’attachent à ce monument ne disparaîtraient pas pour cela de l’histoire, et les fondations modernes les rappelleraient mieux à nos successeurs qu’un amas informe de pierres, de terrasses et de jardins, car personne n’oubliera que l’astronomie aura dû son nouvel essor à la simple plus-value de la dotation qui lui fut octroyée en 1667. » Il est vrai qu’il faut toujours casser des œufs pour faire une omelette, mais il serait à désirer, en la circonstance, qu’on pût les trouver dans un autre panier. Nous craignons que cette immortalité abstraite que M. Faye promet au monument de Perrault ne paraisse pas à tout le monde une compensation suffisante de la suppression matérielle.

Ce serait ici à l’Association scientifique de France de prendre une courageuse initiative. Sa situation financière ne laisse pas d’être assez belle. Au 31 mars 1868, les recettes effectuées depuis quatre ans s’élevaient à 170,000 francs; au 31 mars 1869, on avait encaissé 207,700 francs, ce qui donne une moyenne ronde de 40,000 fr. par an, dont la moitié est fournie par les cotisations des membres (au nombre d’environ deux mille). Pendant le même intervalle, l’emploi des fonds a été réparti comme il suit : 121,500 francs pour les travaux scientifiques que l’association a pris sous son patronage, 63,000 francs pour les frais de séances et de publications; 23,000 francs (un peu plus de 10 pour 100 des recettes) ont été capitalisés conformément aux statuts. L’association a déjà fait beaucoup de bien par les encouragemens qui ont été accordés à des savans de mérite pour les mettre à même d’accomplir des recherches importantes; mais ce qui vaut mieux encore, c’est qu’elle a puissamment contribué à développer l’esprit scientifique dans les villes de province. Elle a organisé un vaste réseau de surveillance des phénomènes météorologiques, enrégimentant sous son drapeau les hommes intelligens de toutes les classes de la société. Les premiers fruits de cette activité collective et solidaire ont été ces magnifiques atlas où l’on trouve consignée la marche de tous les orages qui ont traversé le territoire français. L’observation des bolides et des étoiles filantes a été également organisée sur une grande échelle.

Voici, en quelques mots, l’instruction qui concerne les bolides. Il faut constater la marche du météore au travers du ciel, noter l’heure de l’apparition et le temps qui s’écoule jusqu’au moment de l’explosion, décrire la grandeur, l’éclat relatif, la couleur et les autres particularités physiques du globe filant. Pour en déterminer la marche, on peut prendre des alignemens sur les constellations, ou bien, si l’on ne connaît pas le ciel, sur les objets visibles à l’horizon. La durée de la lumière peut être obtenue en comptant les battemens du pouls à défaut d’une montre à secondes. Pour donner une idée de l’éclat du météore, il est bon de le comparer à Vénus, à Jupiter, à la Lune. Ces sortes de