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de ces obligations en France, s’adressait au ministère des affaires étrangères d’Italie pour obtenir la déclaration que le coupon d’obligation échéant le 1er juillet suivant serait payé par le gouvernement italien. La Société des dépôts et comptes courans faisait valoir, avec toutes les apparences de raison, que les titres portaient le timbre gouvernemental et la formule de garantie suivie de la signature d’un fonctionnaire de l’état. Cependant les conditions auxquelles la loi de 1865 avait subordonné la garantie n’étaient nullement remplies, et aux termes de cette loi le gouvernement italien était, sans contredit, libre de tout engagement ; mais, par suite de l’intervention malhabile des fonctionnaires royaux, il se trouvait gravement compromis. Beaucoup de gens purent croire que l’Italie manquait à ses promesses, alors qu’elle y restait strictement fidèle ; le crédit italien en souffrit notablement. Un autre désastre, plus grand encore, se produisit vers la même époque dans des circonstances analogues, et ne fut pas moins préjudiciable à la bonne renommée du gouvernement d’Italie. La compagnie du canal Cavour pour l’irrigation des campagnes du Piémont, en vertu de conventions passées avec le gouvernement en 1863, devait obtenir une garantie conditionnelle de 6 pour 100, mais seulement après l’achèvement complet du canal et la réception de tous les travaux. Cependant les administrateurs de la compagnie jugèrent utile d’inscrire sur leurs titres la mention de la garantie, sans indiquer qu’elle était conditionnelle, et comme ces mêmes titres portaient, en vertu de l’organisation des sociétés anonymes, le timbre gouvernemental et la signature d’un commissaire royal, les porteurs d’obligations français et anglais s’en autorisèrent pour réclamer de l’état italien le montant de leurs coupons, quand la compagnie fît faillite en 1866. Le cabinet de Florence s’y refusa, alléguant, aux termes des conventions, que les travaux n’étaient pas achevés et livrés. On ne lui épargna pas le reproche de mauvaise foi, qu’il n’avait pas mérité. En nuisant au crédit de l’Italie à l’étranger, ces faits ont contribué à mettre en lumière les vices d’un pareil système.

L’organisation du sindacato ne tarda pas à être battue en brèche par la presse, par l’industrie et par la science. En 1867, la chambre du commerce et des arts de Parme réclamait la suppression de la tutelle administrative sur les sociétés anonymes, et demandait que le soin de les contrôler fût confié aux chambres de commerce. Cette proposition trouva beaucoup d’écho ; néanmoins il fallut deux années pour qu’elle pût passer dans la pratique. M. Minghetti, économiste judicieux autant qu’habile homme d’état, eut le mérite d’une réforme qui fit faire un grand pas à l’Italie ; elle était en arrière, elle est aujourd’hui en tête du mouvement. La réforme que nous