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de onze ans dans la production plus ou moins abondante des taches solaires. On a cru saisir une coïncidence entre cette période et les phases du magnétisme terrestre. Le général Sabine, de la Société royale anglaise, s’est voué à ce problème, dont les élémens ne sont toutefois pas assez nombreux pour qu’on puisse en espérer une solution rigoureuse. Le soleil agit sur l’aimant terrestre, cela n’est point contestable ; mais son énergie magnétique n’est sans doute traduite que d’une manière bien imparfaite et bien détournée par l’apparition de taches plus ou moins nombreuses.

Les taches ne naissent pas au hasard sur la surface du soleil ; elles semblent avoir une liaison cachée avec le mouvement des planètes. C’est du moins ce qui résulterait des recherches faites par un astronome anglais, M. Carrington. En discutant toutes les observations faites dans l’espace de six années, de 1854 à 1860, M. Carrington s’est assuré que les taches apparaissent de préférence dans la région équatoriale, sur une zone qui s’étend à 30 degrés de latitude environ tant au nord qu’au sud de l’équateur. Pour ce qui est de la longitude, elles naissent communément en face de Vénus (qui est la planète dont la masse paraît avoir le plus d’influence dans le phénomène) ; elles grandissent constamment, jusqu’à ce qu’elles soient amenées, par la rotation de l’astre central, le plus loin possible de Vénus, puis elles diminuent graduellement en revenant vers cette planète. Vénus n’est pas seule à troubler l’équilibre des températures et des pressions solaires. Jupiter a une action semblable, mais beaucoup moins énergique, et pour Mercure, ses mouvemens propres sont si rapides qu’il est malaisé d’en analyser les effets.. Les curieuses observations de M. Carrington ont encore besoin d’être confirmées. Peut-on imaginer rien de plus étrange que cette espèce de sensibilité du soleil en face d’un corps étranger, révélée par l’apparition et le développement de ses taches ? Les astronomes de Kew, MM. Balfour Stewart, Warren de La Rue et Lœwy, ont cherché à l’expliquer. « Comment est-il possible, disent-ils, qu’une planète si éloignée du soleil que Vénus ou Jupiter puisse y causer des changemens mécaniques pareils à ceux que manifestent les taches solaires ? Voici comment nous répondrions à cette objection. — Nous ne prétendons pas avoir déterminé la nature de l’influence que les planètes exercent sur le soleil ; mais nous nous référons à une opinion déjà exprimée par le professeur Tait, lequel estime que les propriétés d’un corps, surtout celles qui se rapportent à la chaleur et à la lumière, peuvent être influencées par la présence d’un grand corps. Une influence de ce genre serait naturellement très puissante sur un corps comme le soleil, qui possède une très haute température, de même qu’une barre de fer enfoncée