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DECOUVERTES RECENTES
DANS LE SOLEIL

La lumière est le lien fragile et délicat qui nous unit à l’espace infini ; mais la science ne se contente plus de la contemplation vaine des soleils, des nébuleuses, des comètes : ne pouvant saisir les mondes éloignés, elle a trouvé le moyen d’en pénétrer la nature en étudiant les propriétés de la lumière qu’ils nous envoient. Toute science est une analyse ; pour étudier la lumière, il faut donc l’analyser. C’est pour cela que le prisme de Newton est devenu l’instrument à l’aide duquel nous prenons possession de tout ce qui n’est point notre terre. Personne n’ignore ce que c’est que le spectre solaire. Toute flamme, toute lumière a son spectre ; l’étoile regardée à travers le prisme n’est plus un point immobile qui scintille et décoche son rayon à travers l’infini ; sa lumière s’y décompose, s’individualise en quelque sorte, et nous livre le secret de la nature physique et chimique d’un soleil éloigné.

Lumière, c’est vibration. Or chaque atome a un mode particulier de vibration qui dépend de la masse, de la forme ; en isolant, en séparant les vibrations, le prisme isole aussi les atomes ; le spectre est comme un clavier dont le physicien étudie les notes et les accords. Un petit frémissement qui traverse l’espace révèle l’existence et la nature de l’atome à des distances incommensurables. L’infiniment grand et l’infiniment petit se rencontrent dans l’optique astronomique.

Les méthodes scientifiques sont comme ces germes qui parfois restent longtemps inertes, et qui tout d’un coup, par hasard, au moins