Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 84.djvu/303

Cette page n’a pas encore été corrigée

AUTOUR D’UNE SOURCE

DERNIERE PARTIE (I]

XXX.

Malgré l’anxiété générale, l’autorité ecclésiastique ne pouvait se décider à aucune action. L’archevêque, justement alarmé par l’énorme et rapide retentissement de cette aftaire, était dans un embarras facile à comprendre. Le préfet continuait à lui adresser de respectueuses instances ; M. Larreau, le comte de Manteignoy, l’avaient supplié par des lettres pressantes d’ordonner une enquête. Refuser toute intervention, c’était méconnaître de hautes et puissantes influences. D’autre part, se hcàter de répondre à la curiosité universelle, c’était compromettre la dignité ecclésiastique. S’il n’y avait eu là qu’une question purement religieuse, peut-être l’archevêque se fùt-il décidé plus facilement à intervenir, quoiqu’une précipitation semblable fût, k vrai dire, sans exemple ; mais clans îa circonstance ce miracle était visiblement doublé d’une entreprise commerciale avouée d’ailleurs publiquement. M’était-il pas à craindre qu’au milieu de ces rumeurs l’examen des faits ne fût singulièrement embarrassant ? Chaque détail de l’enquête serait discuté, commenté par la presse en éveil... Savait-on au juste ce qu’il y avait sous cette mystérieuse affaire ? Plusieurs miracles s’étaient déjà produits, il est vrai, dans le midi de la France ; jamais la publicité n’avait devancé aussi impétueusement les décisions du chef du diocèse, qui se trouvait en ce cas-ci presque sommé d’agir, ce qui était inadmissible.

(l) Voyez la Bévue du 13 septembre, des 1" et 15 octol)rc et du l" novembre.