Notre siècle se distingue par les études historiques. Nous savons mettre en lumière la physionomie des temps passés, placer dans leur vrai jour les hommes et les idées d’autrefois. Nous excellons à éclairer ainsi le présent par le souvenir des époques qui ont précédé. Nous recherchons soigneusement l’origine de nos institutions, de nos opinions, de nos connaissances, nous en examinons curieusement le développement progressif; nous arrivons ainsi à juger sainement de l’état où nous sommes parvenus et à estimer, par le chemin que nous avons déjà fait, celui que nous avons encore à faire. C’est ainsi que l’histoire proprement dite, l’histoire des nations, a été reconstruite sous nos yeux par des méthodes entièrement nouvelles. Nous avons vu également la philosophie se résoudre en une sorte de critique historique, en une histoire des idées. Partout la méthode historique a illuminé les questions actuelles par le reflet des choses anciennes. A vrai dire, c’est l’œuvre principale de nos écrivains les plus éminens. Ils ont développé dans notre littérature le sentiment de l’évolution humaine, ils nous ont habitués à considérer les formes successives de la vie des peuples, et à trouver dans cette étude une source féconde d’enseignemens.
Il semble au premier abord qu’il n’y ait qu’un faible avantage à appliquer la méthode historique aux sciences proprement dites, aux