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tant le succès des combinaisons adoptées sur quelques lignes pour réduire le prix des places lui donne une grande probabilité. Ainsi le système des abonnemens permet d’habiter la campagne à ceux que leurs affaires appellent journellement à la ville, les billets circulaires à prix réduits et les trains de plaisir ont pour effet de faire voyager des personnes qui, sans ces réductions, n’auraient pas quitté leur foyer.

Que les compagnies entrent plus largement dans cette voie, et à coup sûr elles ne s’en trouveront pas mal. En tout état de cause, il y a dès aujourd’hui une réforme indispensable à faire dans les tarifs, c’est celle d’une plus équitable répartition des prix. La répartition par kilomètre n’est pas rationnelle, car tous les frais de l’entreprise n’augmentent pas avec la distance; il y en a qui ne varient pas et qui resteraient ce qu’ils sont, lors même que toutes les stations ne seraient qu’à un kilomètre du point de départ : tels sont les frais d’administration, ceux de personnel et d’entretien de gares. Les dépenses qui augmentent avec la distance sont seulement les frais de traction et ceux d’entretien de la voie. Il résulte de là que le prix des transports, pour être convenablement réparti, devrait se composer de deux parts : une part fixe, uniforme pour toutes les distances, une part variable et calculée en raison du nombre de kilomètres à parcourir. Les petits trajets coûteraient, il est vrai, un peu plus cher; mais les grands éprouveraient une notable diminution. Il ne faut pas perdre de vue que, si les chemins de fer ont déjà rendu au monde civilisé d’importans services, ils sont appelés à en rendre de bien plus grands encore, car ils doivent contribuer de plus en plus aux progrès moraux et matériels des peuples; mais il faut pour cela que ceux qui les détiennent ne cessent de se préoccuper des moyens de donner une satisfaction de plus en plus grande aux besoins du public.


J. CLAVE.