Page:Revue des Deux Mondes - 1869 - tome 84.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

signal qui fût dans le même plan vertical que les deux ouvertures. Ce premier travail terminé, il s’agissait de fixer exactement la direction à suivre dans le souterrain. Pour cela, on a établi sur le flanc opposé de la vallée, juste en face du tunnel à ouvrir et dans le prolongement même de l’axe de ce tunnel, un observatoire muni d’un puissant théodolite. Cet instrument, alternativement braqué sur le repère du sommet et sur une lumière placée au fond des galeries, empêche celles-ci de s’écarter de la ligne exacte d’Herminée à l’avance. Comme les mêmes précautions sont prises des deux côtés et que les attaques s’avancent de part et d’autre en ligne droite et suivant une pente régulière, il faut inévitablement qu’elles se coupent au centre de la montagne. Aucun doute sous ce rapport n’existe dans l’esprit des ingénieurs.

L’attaque de la roche se fait au moyen de perforateurs, c’est-à-dire de tiges d’acier mues par des machines à air comprimé. C’est au bord de l’Arc que sont installés les appareils à comprimer l’air. Un canal de dérivation fournissant 6 mètres cubes d’eau par seconde, et de 6 mètres de chute, fait mouvoir 6 grandes roues hydrauliques représentant chacune une force de 80 chevaux. Chacune de ces roues commande à 12 corps de pompe coudés, en partie remplis d’eau, et dans lesquels se meuvent, au moyen de bielles et de manivelles, des pistons horizontaux. En se retirant, le piston fait baisser la colonne d’eau dans la partie verticale du corps de pompe, et provoque l’introduction dans celui-ci de l’air extérieur au moyen d’une soupape qui s’ouvre du dehors au dedans; en revenant sur ses pas, le piston repousse la colonne d’eau qui comprime l’air, et le refoule dans la partie supérieure du corps de pompe. Une nouvelle soupape, s’ouvrant du dedans au dehors, lui livre passage à travers un tuyau de fer qui le conduit dans un vaste récipient. C’est le jeu des pompes à la fois aspirantes et foulantes qui, par les oscillations alternatives de la colonne d’eau, aspire et comprime l’air puisé dans l’atmosphère. Les récipiens dans lesquels cet air est conduit sont situés dans un bâtiment à part; ils sont en fonte, au nombre de 10, et contiennent chacun 17 mètres cubes d’air à la pression de 7 atmosphères, ce qui équivaut à 119 mètres cubes d’air à la pression ordinaire. Chacun de ces mètres cubes représente à cette tension une force de 130,000 kilogrammètres, c’est-à-dire à force nécessaire pour élever à un mètre de hauteur un poids de 130,000 kilogrammes. — Ainsi emmagasinée, cette force se conserve pendant plus de vingt-quatre heures sans déperdition sensible, et se distribue avec la plus grande facilité sur les points où elle peut être utilisée.

De ces récipiens en effet partent de longs tuyaux de fer qui esca-