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qu’il tient à la nature du sol, dont le peu de consistances facilite les ravinemens; il n’y a guère que des palliatifs, qui sont le maintien à l’état boisé des parties supérieures des pentes et l’établissement de barrages dans les ravins les plus dangereux.

Dans les circonstances où s’est établi le chemin Fell, c’est-à-dire sur une route fréquentée qui n’a elle-même pas plus de 10 mètres de largeur, on a dû nécessairement lui disputer l’emplacement. On ne lui a cédé qu’une largeur de 3 mètres, ce qui a forcé les constructeurs à réduire à 1m 10 la largeur de la voie, qui sur tous les autres chemins de fer est de 1m 44. Cette voie est établie sur des traverses munies de rails à patins et reliées entre elles par une longrine qui supporte le rail central.

Le rétrécissement de la voie présente plusieurs inconvéniens graves qu’il importe de signaler, afin qu’on cherche à les éviter dans les nouvelles applications qu’on pourra faire de ce système. D’abord il nécessite des voitures spéciales, et par conséquent, pour changer de ligne, des transbordemens ennuyeux lorsqu’ils s’appliquent aux personnes et onéreux en ce qui concerne les marchandises. En second lieu, les voitures étant plus étroites, il a fallu placer les voyageurs sur le côté, comme dans les omnibus, ce qui est toujours incommode pour les longs trajets. Enfin le rétrécissement de la voie a entraîné celui du foyer de la machine, et diminué par conséquent la quantité d’air qui peut le traverser dans un temps donné. Or, la quantité de vapeur produite étant proportionnelle à cette quantité d’air, c’est-à-dire à la chaleur dégagée par la combustion, il devient souvent difficile, pendant la montée, d’obtenir assez de vapeur pour produire l’effort de la traction. Parfois dans les fortes rampes, surtout lorsque les rails sont rendus glissans par la pluie ou les brouillards, la machine s’arrête essoufflée. Il faut attendre un instant qu’une nouvelle quantité de vapeur ait été produite, et qu’elle puisse, par un nouvel effort, avancer encore de quelques mètres. Ces à-coups répétés usent rapidement le mécanisme et nécessitent des réparations fréquentes. La compagnie d’ailleurs possède à Saint-Michel des ateliers qui lui permettent de réparer et de construire la plupart des pièces qui lui sont nécessaires. La faiblesse des machines oblige à restreindre beaucoup le nombre des wagons remorqués; en général, ce nombre ne dépasse pas h, ce qui représente les voyageurs par trajet, et l’on ne fait par jour que deux trajets dans chaque sens. Quant aux marchandises, la compagnie a dû y renoncer, du moins en partie, et aujourd’hui encore c’est un service de roulage qui transporte de France en Italie les colis qui ne peuvent supporter les frais de la grande vitesse.

Les machines brûlent 20 kilogrammes de charbon par kilomètre