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MILL ET HAMILTON

LE PROBLEME DE L'EXISTENCE DES CORPS

La Philosophie d’Hamilton, par J. Stuart Mill, traduction du Dr Cazelles, Paris 1869.

Nous n’avons pas à faire connaître aux lecteurs le nom de M. John Stuart Mill. Ce nom depuis longtemps est en possession de la renommée, et compte parmi les plus illustres dans les genres les plus différens. Publiciste, économiste, philosophe, M. Mill a montré partout un esprit ferme et profond, éclairé et hardi. Dans ses livres sur la Liberté et sur le Gouvernement représentatif, il a étudié savamment la question du droit de suffrage, et s’est montré le défenseur énergique et opiniâtre du droit des minorités. Dans son Economie politique, il a appliqué l’analyse la plus fine à la notion de la valeur, et s’est fait le défenseur, chose rare en Angleterre, de la petite propriété. Dans sa Logique, il a relevé le vieux drapeau de la philosophie de l’expérience, et défendu avec les ressources de l’esprit le plus délié les principes si longtemps discrédités de cette philosophie. Une si vaste étendue de connaissances, une si riche aptitude dans des matières si diverses et si difficiles, les qualités les plus brillantes et les plus fortes, assurent à cet écrivain éminent l’un des premiers rangs parmi les penseurs européens.

Considéré comme philosophe, M. Stuart Mill n’est cependant pas un génie créateur, on ne pourrait attacher son nom à quelque doctrine qui lui soit exclusivement propre ; mais, si ses principes ne sont rien de plus que les principes bien connus de la philosophie de Hume, il faut reconnaître que les développemens qu’il leur donne