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plus qu’à Therasia on n’aperçoit aucune substance argileuse. La cendre volcanique qui y abonde n’est point plastique, et la composition chimique en est d’ailleurs assez différente de celle de la matière des vases. Il faut nécessairement admettre que les poteries trouvées si abondamment sous le tuf ponceux de Santorin et de Therasia provenaient en grande partie de l’extérieur. On pourrait tout au plus regarder les plus communes d’entre elles comme fabriquées avec un mélange de cendre volcanique prise sur place avec de l’argile importée ; mais cette hypothèse même est peu probable, et il semble plus naturel de regarder les plus grossières comme venant de Milo, d’Anaphe et des autres îles voisines où l’on en fait encore de pareilles, sinon comme forme, au moins comme matière. Quant aux poteries fines, il faut leur attribuer une origine plus lointaine. Nous avons déjà dit qu’elles ne ressemblaient en rien aux poteries grecques, étrusques et égyptiennes. Au contraire nous leur avons trouvé une grande analogie de décoration avec des fragmens de terre cuite venus du désert de Syrie. Si l’on s’en rapporte à cette indication, on doit conclure que ces vases ont été fabriqués en Orient, ce qui pourrait faire penser qu’à l’âge de pierre il existait une navigation avancée et un commerce étendu dans cette partie du bassin de la Méditerranée. Les fragmens semblables trouvés près d’Autun, tout à fait exceptionnels en Gaule, y auraient été apportés de la même source, soit à cette époque, soit plus tard, par l’intermédiaire de la colonie phénicienne de Marseille. Les deux petits anneaux d’or prouvent encore des relations avec le dehors, mais peut-être seulement avec les continens voisins et particulièrement avec l’Asie-Mineure, dont certains fleuves ont été célèbres dans l’antiquité par la quantité d’or qu’ils charriaient. Il est certain dans tous les cas que l’or n’a jamais été trouvé ni à Santorin, ni dans aucune des îles volcaniques du voisinage.

Pour les instrumens en silex et en obsidienne, il est assez difficile d’admettre qu’ils ont été fabriqués dans la grande île antérieure à l’effondrement. Il est bien vrai qu’on trouve près du village d’Acrotiri des meulières et des concrétions siliceuses, et que les laves de Santorin et de Therasia ont une tendance à prendre l’apparence vitreuse qui caractérise l’obsidienne ; mais la meulière de Santorin, toujours fort imparfaite, n’a pu fournir la matière jaunâtre, homogène, translucide, des instrumens en silex découverts à Therasia. D’un autre côté, la lave de Santorin, même lorsqu’elle prend l’apparence vitreuse, n’acquiert jamais une translucidité comparable à celle de la véritable obsidienne, et elle est ordinairement émaillée de petits cristaux blancs de feldspath qu’on n’observe pas dans la matière des instrumens provenant des fouilles. Il faut aller à Milo pour