Saint-Élie, et le tout réuni a composé une grande île circulaire occupant l’espace que couvrent maintenant Santorin, Therasia, Aspronisi et la baie qu’elles enserrent. Cette île offrait deux cimes : d’un côté celle du Saint-Élie, de l’autre, plus au nord, celle du grand cône volcanique central, qui n’avait pas moins de 1,000 mètres d’élévation. L’intervalle entre les deux cimes était en partie comblé par des couches de cendres et de lapilli. Enfin des éruptions qui se sont faites par des crevasses ouvertes latéralement sur les flancs du cône central, principalement au nord-est et au sud-ouest, y ont donné naissance à des cônes parasites incomplets, de hauteur moindre. La région centrale de l’île était donc hérissée de sommets escarpés, tandis que la zone du pourtour s’inclinait doucement de tous côtés vers la mer.
La période tertiaire pliocène et la période quaternaire représentent une série de milliers d’années pendant lesquelles la grande île que nous venons de décrire s’accrut continuellement à la suite des éruptions multiples dont elle était le siège pendant ce temps, et se trouva complétée par la superposition répétée de couches nouvelles de laves, de scories et de cendres. Cependant l’espèce de dôme qui en occupait la partie centrale, établi sur une déchirure souterraine, se trouvait miné dans ses profondeurs, et devait bientôt s’engloutir dans les abîmes creusés sous ses fondemens.
Les volcans sont des points faibles de l’écorce terrestre ; aussi, lorsque le liquide embrasé contenu dans les entrailles du sol éprouve accidentellement des mouvemens brusques de poussée ou de retrait, c’est là que les effets les plus violens se font sentir. Il n’est pas de volcan en activité qui ne présente ainsi une série alternative de périodes d’accroissement et d’effondrement dus à cette cause. Chaque volcan central augmente de volume et de hauteur pendant un certain temps. Par l’effet des éruptions qui s’y produisent, le cône qui en forme la cime s’élève graduellement, et le cratère terminal dont il est creusé se trouve peu à peu obstrué par les laves ; mais bientôt un enfoncement subit vient détruire le sommet du cône et y creuser un nouveau cratère, quelquefois plus profond et plus large que le premier. Depuis le commencement de l’époque historique, on a pu ainsi observer et décrire plusieurs fois des bouleversemens considérables arrivés dans certaines régions volcaniques ; mais aucun de ces événemens n’égale en importance le gigantesque effondrement qui a formé la baie de Santorin.
Toute la partie centrale de la grande île qui en occupait l’emplacement s’est détachée et engouffrée subitement, laissant un vide d’une étendue superficielle comparable à celle de l’enceinte fortifiée de Paris. Il n’est resté de l’ancien sol qu’une étroite bordure, re-