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obsidienne et deux petits anneaux d’or. Les instrumens en obsidienne sont tous taillés par éclats et non polis. Ils sont de deux sortes : les uns, de forme triangulaire, étaient vraisemblablement des pointes de flèches, les autres figurent de petits couteaux ou plutôt des grattoirs destinés vraisemblablement au nettoyage des peaux. Ces grattoirs en obsidienne paraissent avoir été communs à toutes les périodes de l’âge de la pierre chez les peuples habitant des régions volcaniques ; l’usage s’en est perpétué même après la découverte des métaux, et l’on m’a assuré qu’au Pérou les dames s’en servent encore en guise de ciseaux. Ces instrumens ne sont donc pas propres à l’âge de la pierre, encore moins caractérisent-ils telle ou telle partie de cette longue période de la vie de l’humanité. Toutefois ils étaient certainement bien plus communs avant la découverte des métaux usuels qu’ils ne l’ont été depuis, et en Grèce particulièrement l’usage des armes et des outils en pierre a dû cesser promptement après la découverte du cuivre. Tout porte donc à penser que ces instrumens en obsidienne ont été fabriqués à une époque où la pierre était encore la matière vulgairement employée à la confection des ustensiles nécessaires à l’homme. Ajoutons enfin que dans la couche qui les contenait on n’a pas rencontré, pas plus qu’à Therasia, le moindre objet de fer ou de bronze.

Les deux petits anneaux d’or sont extrêmement remarquables. Ils pourraient à peine laisser passer le petit doigt d’un enfant : ce sont les chaînons d’un collier. Aux deux extrémités d’un même diamètre, ils présentent deux trous de la grosseur d’une aiguille à coudre. Cette disposition montre que très probablement ils étaient enfilés à la suite les uns des autres dans un même fil et non entrelacés comme les anneaux successifs d’une chaîne. Ils sont creux à l’intérieur et fendus circulairement. Aucun indice de soudure ne s’y laisse apercevoir. L’or qui les constitue n’est allié en proportions notables à aucun métal étranger. On peut conclure de là qu’ils ont été fabriqués avec une pépite d’or natif qui aura été aplatie par un martelage, réduite ainsi à l’état de feuille mince circulaire, percée d’un trou, puis repliée sur elle-même par une opération analogue à celle qui est connue dans l’industrie sous le nom de repoussage. Les deux bords de la lamelle ont été rapprochés du côté interne de l’anneau, de manière à être ramenés presque jusqu’au contact.

II.

Après avoir retracé l’ensemble des recherches archéologiques opérées dans les deux îles principales de l’archipel santoriniote,