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identiques de forme, de matière, de volume, aux vases dont on s’est servi en Grèce pendant toute l’antiquité pour conserver les céréales. On a aussi découvert dans plusieurs chambres des amas d’orge disposés en tas au pied des cloisons. D’autres vases, plus petits et constituant des poteries beaucoup plus fines, sont de couleur claire et ornés de bandes circulaires séparées par des traits verticaux ou légèrement inclinés, espacés régulièrement. La matière colorante, d’un rouge plus ou moins foncé, y a été appliqué, à l’état d’une pâte très peu consistante ; elle était sûrement formée à l’aide d’une argile ferrugineuse délayée dans l’eau. Les dessins qu’elle figure sont peu variés, et représentent toujours des cercles ou des lignes droites artistement mélangées. Ces vases ne ressemblent en rien à ceux que nous ont légués les différens peuples de l’antiquité et qui sont si communs dans nos musées. Ils ne peuvent être confondus ni avec les vases grecs, ni avec les vases étrusques, ni avec ceux de l’Égypte. Nous ne possédons en France que deux restes de poterie offrant une ressemblance certaine avec eux. L’un d’eux provient du désert de Syrie et est déposé au musée du Louvre ; l’autre, trouvé sur le sol français même, aux environs d’Autun, appartient au musée gaulois de Saint-Germain. Les conditions particulières de gisement des vases de l’archipel de Santorin nous fourniront une hypothèse probable sur l’origine de ces fragmens presque identiques trouvés en des points aussi éloignés et dans des pays aussi différens que le désert moabite et le bassin de la Saône.

Les plus singuliers et les plus rares en même temps de tous les vases découverts dans l’édifice antéhistorique de Therasia sont pétris avec une terre assez fine, d’un jaune clair, et couverts de figures d’un genre entièrement distinct de celui qui caractérise l’ornementation des précédens. Ces figures sont composées de points et de lignes courbes entremêlés avec un goût parfait ; quelquefois même elles représentent des guirlandes de feuillage, et indiquent une grande habileté de la part de l’ouvrier, on est presque tenté de dire de l’artiste, qui a décoré ces vases.

D’autres poteries plus grossières, fabriquées à l’aide d’une terre rouge ferrugineuse et toujours sans ornemens à la surface, ont été aussi rencontrées en grande quantité dans les fouilles de Therasia. Ce sont des écuelles évasées avec une petite anse près du bord, plus fréquemment encore de petites coupes peu profondes, dépourvues d’appendices. Dans quelques-uns de ces vases, les plus grands, on a trouvé de la paille réduite en menus morceaux, et destinée probablement à la nourriture des animaux domestiques. Des augets en lave paraissent avoir été employés pour présenter aux animaux l’eau et les alimens. Ces vases sont fort massifs, la plupart sont creusés