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voisinage, on ne constate pas non plus le plus petit dérangement dans les lignes de stratification, qui sont sensiblement horizontales ou légèrement inclinées comme le terrain recouvert. On peut les suivre sur une grande longueur le long de la falaise ; elles passent au-dessus ou au milieu des constructions sans se déprimer, et ne présentent aucune de ces irrégularités si communes dans les masses stratifiées qui ont subi des éboulemens. D’ailleurs, à Santorin aussi bien qu’à Therasia, on retrouve partout au-dessous du tuf ponceux cette couche rougeâtre, mélange de cendre volcanique, de lave décomposée et de matière organique qui semble y représenter une couche de terre végétale uniformément répandue, et y témoigner le développement d’une végétation qui, pour se produire, a dû exiger de longues années de tranquillité avant le moment où s’est opérée la projection des ponces.

Tout porte donc à penser qu’alors la configuration du sol de Therasia était entièrement différente de ce qu’elle est aujourd’hui ; le revêtement uniforme du sol par le tuf ponceux n’y existait pas encore ; l’île était couverte de couches de laves et de cendres volcaniques, et des fenêtres de l’habitation la vue pouvait s’étendre au loin librement sur les pentes. En d’autres termes, le bâtiment, qui n’a été remis au jour qu’après l’enlèvement d’une épaisseur de 20 mètres de tuf, a été édifié à la surface du sol sur un banc de lave, et les seuls élémens qui sont entrés dans la construction sont la lave, la cendre volcanique et le bois d’olivier, à l’exclusion complète des élémens ponceux, qui depuis l’antiquité la plus reculée jouent un rôle si important dans toutes les constructions de la contrée.

Les objets qui ont été trouvés dans l’intérieur de ce bâtiment sont aussi nombreux que variés. Ce sont surtout des vases, les uns en terre cuite, les autres en lave, puis des graines, de la paille, des ossemens d’animaux, des outils de silex, de lave, enfin un squelette humain. Il est à remarquer qu’au milieu de tout cela on n’a trouvé aucun objet en fer ou en bronze, pas même la trace d’un clou dans les nombreux morceaux de bois provenant des débris de la toiture. L’absence des métaux est complète et caractéristique.

Les vases de terre cuite sont tous faits au tour. Les plus communs sont de grands récipiens jaunâtres, à parois épaisses, dont quelques-uns n’ont pas moins de 100 litres de capacité. Munis d’un lourd rebord, ils présentent au-dessus du col une sorte de cordon marqué de dépressions rapprochées produites par l’application du doigt avant la cuisson. Ils contenaient de l’orge, des semences d’ombellifères, probablement de coriandre et d’anis, des pois chiches et d’autres substances dont on n’a pu déterminer la nature. Ils sont