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l’intérieur des pièces pêle-mêle avec du tuf ponceux fortement aggloméré. Au lieu d’être fait de béton, comme le sont aujourd’hui les toitures des maisons en terrasse de Santorin et de Therasia, il était formé d’une couche de pierres et de terreau volcanique d’environ trente centimètres d’épaisseur soutenue par de nombreuses traverses de bois implantées latéralement dans les murs et disposées de manière à recouvrir chaque pièce d’un plafond incliné. Seule, la plus grande chambre, bien que bâtie avec les mêmes matériaux, offrait une disposition différente. On a trouvé au milieu un bloc de pierre cylindrique enfoncé dans le sol et destiné à supporter un poteau de bois sur lequel venaient s’appuyer en rayonnant de tous côtés les pièces de la toiture. Un autre compartiment de la construction, le seul qui présentât cette particularité, était divisé à mi-hauteur par un plancher, comme on a pu le conclure de la présence de fragmens de bois implantés normalement dans les murs à une hauteur uniforme. Enfin les fouilles ont mis à découvert non loin de là une vaste galerie entourée de murs et un gros tronçon de colonne prismatique à section carrée composé de deux blocs de 1 mètre de hauteur, de 50 centimètres de diamètre, parfaitement taillés et superposés très régulièrement.

On peut immédiatement déduire certaines conclusions des données qui viennent d’être exposées. D’abord les fenêtres et les portes dont l’existence a été constatée dans les murs extérieurs montrent que ce bâtiment était une habitation et non un lieu de sépulture. De plus il a été édifié alors que le tuf n’existait pas encore à la surface de l’île. Les fondations reposent partout immédiatement sur un banc de lave scoriacée sous-jacent au tuf, et celui-ci ne figure aucunement dans la maçonnerie ; les fenêtres principales sont en outre dirigées du côté opposé à la mer, vers le centre de la montagne, c’est-à-dire vers le point le plus épais de l’accumulation des ponces. En supposant que cette habitation eût été construite au pied d’un escarpement ponceux sur le bord de la falaise, on ne comprendrait pas que les fenêtres en eussent été ouvertes précisément du côté de l’escarpement immédiatement adossé. On comprendrait encore moins le choix d’un emplacement aussi dangereux, au pied d’un amas surplombant de ponces sans cohésion. Il est impossible d’ailleurs de supposer que, bâtie postérieurement au dépôt des ponces dans un endroit dangereusement placé, cette construction ait été ensevelie sous des éboulemens ou recouverte par des alluvions. Le terrain n’a subi aucun déplacement, et le tuf n’y a été ni entraîné ni roulé par les eaux depuis l’époque du premier dépôt. À l’intérieur des chambres, la ponce entassée était partout en fragmens anguleux à arêtes vives comme au jour où elle est sortie des entrailles du sol. Dans le