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blocs compacts qui gênaient le travail et diminuaient la valeur vénale de la matière exploitée. Or ces blocs formant des files régulières et serrées n’étaient autre chose que des crêtes de murs. Les ouvriers et les propriétaires du terrain connaissaient ce fait depuis longtemps, et pensaient bien que c’étaient là d’anciennes habitations ; mais on rencontre si fréquemment des débris antiques à Santorin et à Therasia, que la chose n’était pour eux d’aucun intérêt. L’attention du monde savant a été appelée pour la première fois sur ces constructions de Therasia par M. Christomanos, professeur de chimie à l’université d’Athènes, qui les avait visitées accidentellement. Les fouilles opérées successivement à la suite de cette indication ont eu pour but principal de rechercher si ces constructions qui se montraient à la base du tuf avaient été réellement édifiées avant que ce dernier ne recouvrît le sol. On pouvait croire en effet au premier abord que ce lieu était un champ de sépulture, et que l’on avait affaire à des tombeaux creusés dans la masse ponceuse longtemps après la formation de ce dépôt. Notons en passant que des monumens funèbres d’époque hellénique ont été trouvés plusieurs fois dans une semblable position, soit à Santorin, soit à Therasia ; l’un de ces tombeaux sous-jacens à la couche tufacée de Santorin a même été vu et décrit en 1829 par Bory de Saint-Vincent, chef de l’expédition scientifique de Morée. On pouvait être tombé sur un cas semblable, qui dès lors n’eût offert qu’un médiocre intérêt. Il était donc fort important de constater positivement si ces débris de murailles appartenaient à des caveaux funéraires ou à des habitations.

En supposant cette première question résolue, en admettant comme démontré que ces constructions avaient été élevées à l’air libre pour servir de demeures, il restait à examiner si le tuf sous lequel on les trouve ensevelies n’aurait point été entraîné sur les habitations soit par l’action des eaux torrentielles, soit par des éboulemens. Les travaux de recherche effectués jusqu’à présent ont été entrepris sur le terrain appartenant à un seul des propriétaires du pays ; une seule des nombreuses constructions dont on voit les affleuremens sur le sol des carrières a été à peu près complètement mise à découvert, et cependant déjà l’on possède des données plus que suffisantes pour résoudre ces deux questions. Ces constructions ont été réellement bâties à l’air libre, le tuf qui les remplit a bien été projeté sur elles par l’éruption d’un volcan, et n’a pas bougé depuis cette époque.

Le bâtiment principal mis à découvert par les fouilles se compose de six pièces d’inégale grandeur, dont la plus vaste a 6 mètres de long sur 5 de large, et dont la plus petite, qui est carrée, n’a que 2m 50 de côté. L’un des murs de l’habitation se prolonge et se