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UNE
POMPÉI ANTÉHISTORIQUE

Les découvertes récentes de la géologie établissent d’une façon incontestable la haute antiquité de l’espèce humaine. À l’époque la plus reculée dont les traditions historiques fassent mention, nous trouvons l’homme déjà parvenu à un certain développement intellectuel et moral ; mais, avant d’en venir là, il avait traversé durant de longs siècles une série d’états intermédiaires entre l’animalité pure et le premier degré de la civilisation. L’histoire étant muette sur cette période, dont nous ne pouvons, même approximativement, calculer la durée immense, c’est à la géologie qu’il appartient de nous en découvrir les principaux secrets. Tout document relatif à ces débuts obscurs de la vie de l’humanité sollicite l’attention de quiconque se préoccupe du grand problème de notre origine et des lois qui ont présidé à l’évolution de notre espèce à la surface du globe. Une découverte récente va nous permettre d’ajouter quelques traits à ce qu’on sait déjà sur les habitudes et les mœurs des hommes primitifs. Il s’agit de constructions élevées par eux, et qui, vers la fin des temps antéhistoriques, disparurent sous les projections d’un volcan. La catastrophe fut subite. Comme dans l’éruption qui ensevelit sous les cendres du Vésuve les villes de Pompéi, d’Herculanum et de Stabies, les habitans du village dont je viens d’exhumer les restes furent surpris au milieu de leurs occupations familières. Leurs outils, leurs vases, leurs ustensiles domestiques, sont restés pendant plusieurs milliers d’années à la place même où le propriétaire les avait déposés. Recouverts par une épaisse couche de pierres ponces, ces antiques documens des premières annales de