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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre 1869.

L’empereur reprend décidément la santé sous les ombrages de Saint-Cloud, — Dangeau, devenu nouvelliste, nous a donné le bulletin fidèle de ses déjeuners et de ses plaisirs aux courses du bois de Boulogne ; — l’impératrice se dispose plus que jamais, à ce qu’il paraît, à partir pour l’Orient, où le sultan lui prépare la surprise de fêtes merveilleuses sur le Bosphore ; le prince impérial ne fera point avec son gouverneur un voyage d’instruction militaire sur le Rhin, et les ministres se promènent ou sont dans leurs terres. De ce côté, tout est au mieux, l’horizon officiel est sans nuages. Pendant ce temps, les journaux, n’ayant plus de sénatus-consulte à dévorer, ruminent la convocation plus ou moins prochaine du corps législatif ; les esprits commencent vraiment à s’échauffer sur le concile ; le congrès de Lausanne a divagué tout à son aise sur les « embrassemens » de la république et du socialisme, sur les « États-Unis d’Europe » et sur la paix perpétuelle, qui doit être précédée toutefois, au dire de M. Victor Hugo, d’un dernier et formidable combat… Quoi encore ! En attendant la paix perpétuelle, l’Italie s’essaie à la petite guerre dans la vallée de la Sieve, l’Espagne a la guerre civile à son foyer ; Berlin a célébré le centenaire de Humboldt, la Bohême a eu le centenaire de Jean Huss ; M. de Beust a rôdé autour de nos frontières sans venir jusqu’à Paris. Les bruits prennent la place des faits, et septembre, le mois des vendanges et des villégiatures, septembre s’achève en laissant tomber ses rayons déclinans sur cette scène du monde, qui est toujours nouvelle, même quand elle ne change pas, qui s’éclaire parfois à l’improviste des lueurs sinistres de quelque crime effroyable venant faire diversion à la politique. Ainsi vont les choses ; le repos n’est qu’apparent. L’activité officielle peut être suspendue, les gouvernemens peuvent se mettre en vacances et congédier les affaires ou laisser un intervalle entre l’œuvre de la veille et l’œuvre du lendemain, pour se donner le temps de re-