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Détruisant le ver dans la pomme
Et le bois sec.

Mais plus de chanson, plus de note,
Plus de motif !
Le rossignol caché vivote,
Morne et plaintif.

Il aime, en silence et s’observe
En ses ardeurs,
Craignant d’émoustiller la verve
Des cascadeurs !

Chanter pour la nuée errante
Dans le ciel bleu,
Pour la fleur des bois, l’eau courante,
Pour le bon Dieu,

Chanter pour rien, bizarre envie !
Fuir le sentier
Où la foule acclame la vie,
Quel sot métier !


III


Sot métier ! j’accepte l’insulte,
Rions de tout.
Plus d’art, plus de Dieu, plus de culte ;
N’ayons de goût,

De bravos, surtout de monnaie,
Que pour l’esprit
Qui ravale, bafoue, égaie
Et travestit !

Soyons joyeux, soyons fantasques,
Soyons rapins,
Habillons l’Olympe et ses masques
De papiers peints !

Quand Jupiter, comme un vieux pitre,
Bat le trottoir,
Que Mars ivre lui paie un litre
Sur le comptoir !

Que tous les dieux des homérides,
Tous les héros,
Montrent leurs nez rouges, leurs rides,
Leurs ventres gros !