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demeures souterraines. Au moyen âge, ce sont les Basques qui introduisent en France la pêche de la baleine et l’élèvent à la hauteur d’une industrie nationale. Ils sont immédiatement suivis dans cette voie par les Hollandais, les Danois, les Anglais et les Russes ; mais la réputation des matelots basques dans l’art de harponner la baleine était telle que les autres puissances mettaient une incroyable ardeur à nous les enlever. Les navires revenaient alors chargés de riches dépouilles, et ce n’était pas un faible stimulant pour les armateurs. Malheureusement cette prospérité ne dura point. La France, qui s’était lancée la première dans cette voie, fut la première à cesser ses armemens.

Pour encourager la pêche de la baleine, tombée depuis plusieurs années dans l’abandon, le gouvernement français rendit, le 8 février 1816, une ordonnance par laquelle il autorisait l’admission en France de navires de construction étrangère, et l’emploi pendant trois ans de marins étrangers dans la proportion de deux tiers par équipage, en allouant aux expéditions de cette nature une prime de 50 francs par tonneau de jauge. Profitant des avantages de cette ordonnance, l’Américain Winslow vint au Havre, avec un baleinier de 400 tonneaux, qui fut suivi de plusieurs autres, Winslow doit être regardé comme le restaurateur de l’industrie baleinière en France, et c’est à ce titre qu’il fut admis en 1821 à jouir des droits civils et politiques accordés aux citoyens français. A partir de l’arrivée de Winslow en effet, et grâce à de nouvelles ordonnances qui modifient d’une façon heureuse les règlemens sur la pêche de la baleine, on voit cette industrie prospérer et atteindre des proportions importantes. En 1836, le port du Havre comptait plus de 50 navires baleiniers ; aujourd’hui il n’y en a plus qu’un, le Winslow, dont l’armateur, cédant à un légitime amour-propre de famille, veut être le dernier à amener son pavillon. Quand on demande la raison de cette déchéance à peu près complète, les uns répondent qu’il n’y a plus de baleines, d’autres qu’il n’y a plus de baleiniers. En réalité, la cause qui a le plus contribué à la décadence de cette industrie, et qui d’ailleurs a été un obstacle au développement de toutes les autres pêches, c’est que la pratique et la science ont toujours procédé séparément, à l’insu l’une de l’autre, quand elles devraient s’unir et marcher ensemble.


I

Avant de chercher quel serait le meilleur moyen de pêcher la baleine, il convient d’abord de faire connaissance avec l’animal dont