chiens domestiques voient leurs caractères les plus fixes en apparence s’altérer ou disparaître au bout d’un temps très court, s’ils passent d’un milieu dans un autre. Les races d’Europe ne persistent pas dans l’Inde ; ailleurs elles perdent leur voix, leur pelage, leur forme, ou changent d’instincts ; l’ouvrage de l’homme se trouve ainsi détruit plus ou moins vite ; il s’était aidé de circonstances particulières, et son œuvre tombe devant des circonstances opposées. Pourtant ce n’est pas aux circonstances uniquement que l’on doit certaines déviations du squelette ni la coexistence dans la même contrée de formes aussi différentes que le lévrier et le bouledogue. Pour se rendre compte de modifications aussi accusées, il faut bien avoir recours aux forces latentes de l’organisme, sollicitées par l’homme et produisant des variations subites, fixées ensuite par l’effort réuni de la sélection et de l’hérédité.
C’est à peu près ce qui doit être arrivé pour le porc. Toutes les races, même celles que l’on a observées dans les îles écartées du Pacifique, paraissent descendre de deux types distincts, l’un encore sauvage, le sanglier, l’autre originaire de Siam et de la Chine, et dont la forme primitive serait perdue. Les races dérivées du sanglier existent encore, d’après Nathusius, sur différens points du centre et du nord de l’Europe ; elles disparaissent devant des races améliorées, produit direct de l’industrie humaine. Chacun connaît les races anglaises, chez qui toutes les aptitudes ont pour but de favoriser l’engraissage et le développement des parties utiles aux dépens des autres. Le groin, les crocs, les mâchoires, les soies, tendent à surgir par un mouvement inverse dès que l’animal est livré à une vie plus active. Il y a déjà loin du porc amélioré du Yorkshire au porc à moitié libre d’Irlande ou de nos départemens de l’ouest et du midi ; aussi voit-on apparaître chez ces derniers des particularités dont il n’existe pas trace chez les autres. La taille varie selon les climats, ainsi que la consistance des poils ; les porcs turcs et westphaliens reprennent aisément la livrée des marcassins, les individus des vallées chaudes de la Nouvelle-Grenade sont au contraire presque nus, et d’autres, à des hauteurs de 7 et 800 pieds, revêtent une fourrure épaisse de poils laineux. Les bêtes bovines diffèrent à tel point que l’on serait tenté d’y distinguer deux divisions principales, l’une pour les zébus au bœufs à bosse, l’autre pour les bœufs sans bosse, comme notre taureau. Cependant partout où les premiers se sont trouvés en contact direct avec notre gros bétail, il en est sorti des croisemens féconds. En Europe, on reconnaît à l’état fossile au moins trois espèces de bœufs qui paraissent avoir été domestiqués de toute antiquité, et dont le type s’est perpétué parmi nos races indigènes. Une race à demi sauvage, conservée en Angleterre dans le parc de Chillingham, paraît reproduire à peu près les caractères